Il y a quelques temps, le président de la République disait à un jeune homme en recherche d’emploi, qu’il suffisait de traverser la rue pour en trouver. Ce propos – polémique il va de soi – avait été commenté, certains saluant Emmanuel Macron pour son côté cash et sans concession et d’autres le critiquant pour son paternalisme et sa vision hors sol.
Je ne suis pas sûr que l’actuel locataire de l’Elysée aurait réussi à convaincre Axelle, Dominique et Conso. Toutes les trois vivent dans l’agglomération lilloise. Tous les matins, elles se retrouvent sur un parking pour se rendre à Mouscron. C’est dans cette commune belge, qui jouxte la frontière avec la France, qu’elles se rendent dans une maison close. Axelle, Dominique et Conso deviennent respectivement Athéna, Circé et Héra, trois filles de joie vendant leurs charmes. Leur entourage n’est pas au courant de cette double-vie. Cet équilibre est remis en cause lorsque Conso tente de mettre fin à ses jours. Dans cette épreuve, elles devront se montrer solidaires mais aussi s’affirmer notamment face à leur entourage.
« Il ne suffit pas toujours de traverser la rue pour s’en sortir ». Cette déclaration choc résume assez bien l’état d’esprit du film et surtout son ambiance assez anxiogène. Axelle, Dominique et Conso sont ce qu’on pourrait appeler des femmes-courage. Vivant dans un milieu modeste, elles doivent en permanence lutter pour s’en sortir et maintenir leur foyer à flots. Axelle lutte pour donner un meilleur avenir à ses enfants, loin de leur père violent, Dominique, infirmière, peine à se faire considérer au sein de sa famille et Conso, éprise d’un homme, tombe dans la drogue et l’argent facile. Lorsqu’elles deviennent Athéna, Circé et Héra, elles sont une autre personne et elles sont (paradoxalement) respectées. Ce sont des prostituées, mais elles sont davantage respectées, en tout cas (bien) plus qu’étant dans leur vie « officielle ».
Ce sont des prostituées, des filles de joie mais elles sont dignes. Le film de Frédéric Fonteyne et d’Anne Paulicevich, sans tomber dans le misérabilisme, décrit une réalité assez frappante et surtout crue où on montre le côté pile et le côté face de ces femmes qui tentent de sortir la tête de l’eau. On découvre leur quotidien, leurs blessures intimes mais aussi une certaine résilience qui leur permet encore de tenir. Jusqu’à quand ?
Long-métrage intéressant avec ses qualités mais aussi (et malheureusement) ses défauts, Filles de joie, porté par un trio inédit (Sara Forestier, Noémie Lvovsky, Annabelle Lengronne) nous présente une réalité assez dure, celle de femmes qui vendent leur corps car elles doivent subvenir à leur besoin et ceux de leurs proches. Une sorte de sacrifice, ce qui ne les empêchent pas d’être dignes.
Filles de joie
Un film de : Frédéric Fonteyne et Anne Paulicevich
Pays : Belgique
Avec : Sara Forestier, Noémie Lvovsky, Annabelle Lengronne, Nicolas Cazalé, Jonas Bloquet, Sergi Lopez, Salomé Dewaels, Jérémie Petrus…
Genre : Comédie
Durée : 1h30
Sortie : le 22 juin
Note : 14/20