
Ces temps-ci aurait dû se tenir le Festival de Cannes, 73ème du nom. Du 12 au 23 mai, cinéphiles, professionnels et acteurs du monde entier aurait dû fouler le tapis rouge et découvrir les films sélectionnés, sous l’œil de Spike Lee, le président du jury. Un bel évènement en somme après un très bon cru 2019 et la victoire de Parasite, lauréat de la Palme d’Or.
Or, la crise du COVID19 est passée par là, bouleversant les plans et projets de la plus grande et célèbre manifestation cinématographique du monde. Malgré les déclarations de Thierry Frémaux et de Pierre Lescure, respectivement Délégué et Président du festival, l’évidence était de mise. L’édition 2020 n’aurait pas lieu, du moins sous sa forme classique.

Dès lors, plusieurs hypothèses ont été évoquées pour que le festival de Cannes continue d’exister médiatiquement parlant dans ce contexte compliqué, pour ne pas dire anxiogène. Parmi elles, celle d’un « festival hors les murs » avec la création d’un label destiné aux films sélectionnés, leur conférant un statut spécial, une sorte de plus-value. Dans un entretien au Figaro paru le 11 mai, Pierre Lescure en précisait les modalités avec notamment une présentation des long-métrages lors de soirées réservées dans d’autres manifestations telles que Deauville, Venise ou Toronto par exemple. Outre Tre Pianni, le dernier projet de l’italien Nanni Moretti, deux autres films – Benedetta du néerlandais Paul Verhoeven et The French Dispatch de l’américain Wes Anderson – seront assurés de faire partie de la sélection.
Ce format inédit – et imposé par la force des choses – a quelque chose d’intéressant, à mon sens. D’une part, il permet au Festival de rappeler sa singularité. Plus qu’une simple fête ou le nom d’une ville nichée sur la Côte d’Azur, Cannes c’est avant tout une marque, mondialement appréciée et/ou reconnue. Cannes 2020, c’est un label qui confère un certain prestige pour les films sélectionnés, une plus-value qui sera recherchée et appréciée des spectateurs. Cannes 2020, c’est une édition d’ores et déjà collector sans palmarès ni manifestation. Une édition qui entrera dans les annales en raison de l’actualité, ce qui lui donnera son caractère exceptionnel.
Une édition « hors les murs » qui s’inscrit dans la stratégie menée par la direction du Festival depuis quelques années déjà, à savoir une manifestation qui, tout en conservant son côté glamour, strass et paillettes, se veut également ouverte et surtout accessible à un public plus large. Comme dans les années précédentes, il est hautement probable que certains des films estampillés Cannes 2020 seront à l’affiche dans les semaines à venir, pourquoi pas dès courant juillet, date souvent évoquée pour une réouverture des salles et autres multiplexes, une manière subtile de sortir du lot dans une programmation d’ores et déjà annoncée comme bien dense.

D’ici là, il faudra attendre encore quelques jours pour connaitre le contenu exact du label Cannes 2020 et découvrir l’ensemble des films sélectionnés. En attendant, le Festival continue de vivre à travers des articles nostalgies, les insta des vedettes ou bien encore les plates-formes de SVàD qui proposent plusieurs sélections de films ayant fait sensation les années précédentes comme La Vie d’Adèle en 2013, lauréat de la Palme d’Or et disponible actuellement sur OCS (mais aussi sur Netflix). De son côté, Arte propose également sa propre sélection avec notamment la diffusion pour la première fois en clair de The Square, cette détonante comédie suédoise, lauréate en 2017. Enfin, Canal Plus proposera mercredi 20 mai, la diffusion à la suite de six films primés de l’édition 2019, tous en première exclusivité dont Douleur et Gloire et Portrait de la Jeune fille en feu. Quant au Festival lui-même, il prépare sans nul doute, une édition 2021 qui, je le pense, sera énorme. D’ailleurs, Spike Lee a d’ores et déjà annoncé qu’il était disponible pour présider le jury ! 😉