En me promenant sur Internet juste avant d’aller au boulot, je suis tombé sur une info. Selon Le Figaro, les moins de 25 ans qui se rendent au cinéma ne représentent plus que 27% des spectateurs, un chiffre en nette baisse comparé à il y a dix ans où ils n’étaient (déjà) que 37%. En 1990, ils constituaient la moitié du public. A contrario, les plus de 50 ans sont, à 44%, à aller au cinéma contre seulement 15% il y a bientôt 30 ans. A ce rythme, ces futurs seniors devraient être le premier contingent des salles obscures dans les années à venir.
Ce chiffre a de quoi surprendre à première vue. En effet, il n’est pas rare de croiser des jeunes qui, à deux (et le plus souvent en amoureux ou en date, c’est-à-dire en rendez-vous galant) ou à plusieurs se font une toile, le plus souvent le dernier blockbuster ou la dernière comédie romantique, ce qui donne une ambiance plus ou moins bruyante (surtout lorsqu’il s’agit d’un film d’horreur ou d’action), mais supportable (enfin, jusqu’à un certain point ^^)
C’est précisément sur ce point que Dominique Boutonnat tire la sonnette d’alarme. En effet, non seulement vont moins au cinéma mais lorsqu’ils y vont, c’est pour privilégier des longs-métrages américains plus ou moins vendeurs, selon le président du Centre National du Cinéma et de l’Image Animée (CNC). Les autres genres (notamment les films d’auteur) sont tout simplement inconnus au bataillon, ce qui, dans ce contexte, place les films français dans une position pas vraiment évidente, films qui attirent davantage un public plus âgé.
Avec un billet d’entrée a priori prohibitif – 11 euros la séance en moyenne – aller au cinéma s’avère un luxe que certains ne peuvent se permettre, notamment les moins de 26 ans. Pour ce faire, les multiplexes, exploitants et autres salles indépendantes proposent toute une série de tarifs à prix (très) réduit afin d’attirer (voire de fidéliser), une clientèle mobile et surtout volatile. Ainsi UGC propose sa carte Illimitée à 17,90 euros par mois pour les moins de 26 ans quand certains cinémas à Paris (UGC Ciné Cité Bercy, mais aussi l’ensemble du réseau mk2) voire en province permettent à ce même public d’accéder à leurs salles pour le prix imbattable de 4,90 euros par séance. Autant de tarifs donc qui devraient inciter les ados et jeunes adultes à se rendre plus souvent dans les salles obscures.
Sauf que ce n’est pas si simple et c’est là que le bas blesse d’autant qu’il faut bien se l’avouer, notre façon de consommer et de voir des films a considérablement changé en vingt ans. Si auparavant, il fallait attendre un an (au minimum) pour le blockbuster du moment en DVD ou à la télé (et qu’aller au cinéma c’était un peu le passage obligé pour tout ado qui se respecte et qui ne veut pas faire son asocial), le replay et autres services de vidéos à la demande ont considérablement modifié la donne. En effet, on peut regarder un film quasiment n’importe où et n’importe quand et des plates-formes comme Netflix, Amazon ou bientôt Disney + et Apple TV l’ont bien compris en jouant la carte du pragmatisme avec une offre ciblée qui convient tout à fait à ce public nomade des 12 – 25 ans. Peu importe que le catalogue proposé soit pauvre en quantité comme en qualité, pourvu que les ados et jeunes adultes y trouvent leur compte ! Résultat des courses, 66% des moins de 25 ans sont abonnés à un service de streaming contre seulement 29% en 2016 !
Aussi, la question n’est pas de savoir pourquoi les jeunes vont de moins en moins au cinéma mais plutôt en quoi le cinéma peut être une valeur ajoutée face à des plates-formes aux catalogues malgré tout étoffé et qui proposent (surtout) de la flexibilité ? Vaste question pour laquelle je n’ai pas de réponse hormis de voir dans le divertissement, une solution. En clair, faire du cinéma, un lieu où on se divertit plutôt que de réfléchir sur le monde qui nous entoure.
Le prix à payer pour le cinéma ne soit plus un truc de vieux ?
Au ciné ce soir 