La famille, c’est le premier groupe, cercle social que l’on connait par excellence. Un cercle particulier plus ou moins fonctionnel dans lequel les relations ne sont jamais simples et où la solidarité n’est pas toujours une évidence.
Daniel est un sexagénaire. Après plusieurs années passées derrière les barreaux, il sort du centre pénitentiaire de Rennes. Peu avant, il vient d’apprendre par Sylvie, son ex-femme, que leur fille, Matilda, a accouché de son premier enfant prénommée Gloria. Daniel se rend donc à Marseille pour rencontrer sa petite-fille, répondant à l’invitation de Sylvie et de Richard, le second mari de cette dernière. L’occasion aussi de revoir sa fille unique. Les retrouvailles sont compliquées entre Matilda et Daniel mais ils tentent tant bien que mal de renouer le contact. C’est alors que Daniel découvre une famille recomposée et (surtout) dysfonctionnelle dans laquelle chacun tente de joindre les deux bouts. Si pour Matilda et son compagnon Nicolas cela n’est pas toujours simple, la situation a l’air au beau fixe pour Aurore, sa sœur, fruit de l’union de Sylvie et Richard, et Bruno, qui sont propriétaires d’un magasin d’achat et de revente d’objets. Lorsqu’un coup du sort vient remettre en cause ce fragile équilibre, Daniel, qui n’a plus rien à perdre, est déterminé à filer un coup de main à la famille.
Pour son nouveau film, Robert Guédiguian fait appel à ses habituels acteurs, en premier lieu Ariane Ascaride, sa muse et sa femme dans la vie civile. L’actrice, distinguée par un Prix d’interprétation féminine lors de la dernière Mostra de Venise, incarne avec force et gravité Sylvie, cette mère de famille qui peine à finir les fins de mois mais qui arrivait quand même à s’en sortir. L’agression de Nicolas, chauffeur VTC, change la donne. Privés d’une importante rentrée d’argent, le couple sombre peu à peu. Soucieuse de souder les siens, c’est tout naturellement que Sylvie demande à Aurore et à Bruno de leur venir en aide. Sa seconde fille et son gendre ont de l’argent, les affaires tournent bien et Bruno est proche – voire très proche – de sa belle-sœur.
On sent pourtant comme une pointe d’égoïsme chez ce couple. Pour Aurore, si sa sœur et son beau-frère sont dans cette situation, c’est avant tout de leur faute, ils n’avaient pas qu’à être des pauvres et des ratés. Le jugement est sévère et dur d’autant qu’avec leur modeste salaire, Sylvie, femme de ménage, et Richard, machiniste à la Régie des Transports Métropolitains de Marseille (RTM), ne peuvent venir en aide, contrairement à Aurore. Dès lors, le rôle de Daniel est capital. L’homme, tout aussi torturé, est pourtant celui qui permet à cette famille de tenir… enfin jusqu’à quand ?
D’un ton réaliste et vif, Gloria Mundi met en avant plusieurs thèmes comme l’uberisation du travail mais aussi la transformation des rapports familiaux où le chacun pour soi et l’égoïsme ont supplanté la solidarité, créant une nette ligne de fracture entre Matilda et Aurore mais aussi entre Aurore et ses parents, un « nouveau monde » dans lequel Daniel ne se reconnait pas. Un film qui vous fait réfléchir, une fois les lumières rallumés et moi, ça me plait ! 😉
Gloria Mundi
Un film de : Robert Guédiguian
Pays : France
Avec : Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Anaïs Demoustier, Robinson Stévenin, Grégoire Leprince-Ringuet, Lola Naymark, Diouc Koma…
Genre : Drame
Durée : 1h47
Sortie : le 27 novembre
Note : 15/20
Au ciné ce soir 