Quand on pense à l’Italie, bon nombre de clichés nous viennent à l’esprit et notamment la mafia. Bon, c’est un peu facile mais c’est bel et bien le thème du nouveau film de Marco Bellocchio qui revient sur un épisode-clé de l’histoire transalpine contemporaine.
Nous sommes en 1980 en Sicile. La guerre fait rage entre les principaux parrains de la mafia, sur fond de trafic de drogue et de lutte d’influence. Craignant pour sa vie, Tommaso Buscetta, membre de la Cosa Nostra, en profite pour fuir au Brésil, non loin de Rio. Exilé, il ne peut empêcher que des proches soient directement visés et impuissant, il ne peut éviter leur assassinat. Arrêté par la police brésilienne, Buscetta purge une peine de quatre ans de prison avant d’être extradé en Italie. De retour au pays, il fait une chose, jugée impensable par les mafieux : collaborer avec la justice en donnant des informations précises au juge Giovanni Falcone. Dans un milieu où l’omerta est une religion, son geste fait office de parjure.
Membre de Cosa Nostra, Buscetta est plutôt un exécutant qu’un décideur hors-pair, un simple « soldat » comme il se décrit lui-même. L’homme a réalisé les sales besognes, ce qui lui convenait tant que la mafia restait en phase avec ses valeurs. C’est lorsque celle-ci s’est intéressée un peu trop près à la drogue et fut minée par les luttes de pouvoir que Buscetta a décidé de passer à table. Si son initiative est – en toute logique – conspuée par ses anciens amis de Cosa Nostra, pour lui, elle est salutaire. Cosa Nostra a trahi ses idéaux, Buscetta y est resté fidèle estime-t-il. En étant obsédée par l’appât du gain facile, Cosa Nostra s’est fourvoyée, raison de plus pour dénoncer ce qu’il considère comme des dérives.
Comme je viens de l’écrire, son initiative rencontrera beaucoup d’hostilité au sein du milieu. Pour les mafiosi, Buscetta est une balance, un paria. Buscetta en est conscient et s’assurera que ses proches soient constamment protégés. Lui-même sait qu’il ne pourra plus avoir une vie « normale » et qu’il devra rester sur ses gardes.
Sans vraiment le savoir, Buscetta aura contribué au démantèlement de Cosa Nostra et de la mafia sicilienne, en servant de référence à d’autres mafieux qui préféreront collaborer avec la justice. Malgré ses 2 heures 32, Le Traître s’avère une histoire complète avec un très bon rythme, justifiant de nombreuses scènes et certains flashbacks. Avec même une pointe d’humour, ce qui détonne avec l’atmosphère du film.
Le Traître (Il traditore)
Un film de : Marco Bellocchio
Pays : Italie
Avec : Pierfrancesco Favino, Maria Fernanda Cândido, Fabrizio Ferracane, Luigi Lo Cascio, Fausto Russo Alesi…
Genre : Biopic, Drame
Durée : 2h32
Sortie : le 30 octobre
Note : 16/20