La promo gratuite faite à Kechiche (suite)

On ne sait pas encore quand le prochain film d’Abdelatif Kechiche sortira en salles mais il continue (toujours) à faire parler de lui, plutôt en mal.

Il y a quelques jours, le réalisateur de la Vie d’Adèle, primé à Cannes, est sorti de son silence depuis les retours assassins de la première projection de Mektoub my love : Intermezzo, lors du dernier Festival. Dans une lettre ouverte adressée à Elisabeth Tanner, présidente du Syndicat Français des Agents Artistiques et Littéraires (SFAAL) et – surtout – agent de l’actrice principale de son film, Ophélie Bau, il s’insurge contre ce qu’il considère, ni plus ni moins, un « complot » visant à atteindre son honneur, un honneur qu’il entend bien laver. Il insiste notamment sur le fait que son interprète principale n’a, en aucun moment, exprimé la moindre gêne quant aux scènes de sexe qu’elle devait interpréter et que – bien au contraire – elle loue le travail et du réalisateur franco-tunisien.

La réponse de l’agent ne s’est pas fait attendre. Dans un courrier au vitriol, Elisabeth Tanner s’est étonnée qu’Ophélie Bau n’ait pas pu visionner, avant la projection à Cannes, le second volet de Mektoub my love notamment la « fameuse » scène de sexe oral qui fait tant parler, ce qui expliquerait au passage, l’ambiance plus que tendue, durant la Croisette, entre l’actrice et le réalisateur, ce dernier s’interrogeant même sur le fait si cette dernière ne serait pas purement et simplement manipulée et influençable.

Une fois encore, Abdelatif Kechiche fleure bon la polémique, d’autant que ce n’est pas la première fois que les langues se délient quant aux méthodes de travail (très) controversées du réalisateur. Déjà, certaines personnes ayant travaillé sur le tournage de La Vie d’Adèle insistaient sur le fait qu’il n’hésitait pas à faire rejouer inlassablement les scènes de sexe afin d’obtenir la séquence parfaite. Dans Mektoub my love : Intermezzo, il aurait, cette fois-ci, eu recours à l’alcool afin de désinhiber plus facilement ses acteurs. Des accusations graves qui portent bien évidemment atteinte à la réputation du cinéaste mais qui dans le même temps, contribuent à sa « légende ».

Je ne connais pas trop Kechiche mais il parait évident qu’au bout du compte, il n’est pas contre cette image au vitriol qui lui colle à la peau bien au contraire ! En effet, cela lui permet de se démarquer, d’exister, de passer pour un réalisateur au talent (réel ou supposé, c’est selon) incompris et surtout persécuté par ses pairs, ce qui parait évident lorsqu’il parle de « complot », évoquant au passage les bas-fonds du milieu cinématographique. Kechiche, à l’instar d’un Gaspar Noé d’ailleurs, est un scandaleux, passe pour un rebelle, un anticonformiste qui fait des films comme il entend les faire et non comme le système le voudrait.

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Abdelatif Kechiche et ses acteurs lors de la présentation de Mektoub my love : Canto Uno lors de la 74ème édition de la Biennale de Venise en 2017

Dès lors, la controverse qui se poursuit depuis Cannes, à propos de Mektoub my love : Intermezzo, le sert d’une certaine façon dans la mesure où on continue à promouvoir son film et à le présenter comme quelque chose de sulfureux, de scandaleux et d’interdit. Un sacré argument de « vente » qui permettra, le moment venu, au film de se démarquer et d’attirer un certain nombre de spectateurs. Personnellement, je n’ai pas encore le second volet et si j’irai le voir, c’est uniquement parce que j’ai vu le précédent opus et que vous adorez mes critiques (enfin, je l’espère ^^). Un second volet qui – au final – pourrait être beaucoup moins sulfureux que prévu surtout si Abdelatif Kechiche consent, comme le souhaite Ophélie Bau, de faire des cuts dans la fameuse scène, qui à elle-seule, est devenue l’argument « tête de gondole » du film.

Au bout du compte, Kechiche peut continuer à avoir le sourire ! Il suffit juste qu’on relance la polémique pour qu’on continue à parler de lui.

Un avis sur “La promo gratuite faite à Kechiche (suite)

  1. Je suis assez d’accord avec vous sur cette recherche de la polémique. C’est assez dommage d’ailleurs de voir que Kechiche, depuis les déclarations post-sortie de La Vie d’Adèle, s’est embourbé dans ce rêve de « choquer » à nouveau pour faire polémique. A l’époque de La Graine et le Mulet, s’il n’était pas irréprochable, le réalisateur montrait tout de même des qualités intéressantes. Même La Vie d’Adèle, au-delà de quelques scènes controversées et qui ont été difficile à vivre pour les actrices, offrait quelques bons moments de cinéma.
    Mais j’ai abandonné le premier Mektoub My Love à mi-séance, et très franchement pour me faire sortir d’une salle de cinéma il faut y aller (rien que par respect pour les gens qui ont travaillé sur le film). Un mélange de plans pas très inspirés, d’une photo quelconque, d’inlassables gros plans fessiers qui ne semblaient traduire qu’un lointain désir de jeunesse auquel je ne suis plus vraiment sensible, et des jeunes acteurs et actrices qui malgré beaucoup de talents, ne savaient pas trop ce qu’ils faisaient là. C’est encore plus dommage car le sujet de cette jeunesse méditerranéenne me correspondait et m’emballait. Bref, je n’irai donc pas voir la suite, pas à cause d’un quelconque boycott, mais plutôt parce que je suis attristé de voir Kechiche préférer tomber dans une caricature de lui-même plutôt que d’aller retrouver les qualités qui l’ont révélé à l’époque.

    Quant à ces communiqués interposés à propos d’Ophélie Bau, les querelles d’agents et de réalisateur sont ridicules, j’espère juste que la jeune actrice en sortira indemne (parce que je trouve qu’on s’intéresse assez peu à elle, finalement) et qu’elle réussira à se dépatouiller de tout ça pour se lancer dans la carrière qu’elle mérite.

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