Elton John. Tout le monde connait les chansons de ce musicien excentrique et parfois fort en gueule. Mais qui connait réellement l’homme derrière l’artiste et son apparat ? C’est tout le principe du biopic qui lui est consacré et qui a été présenté hors-compétition au dernier Festival de Cannes.
Car avant d’être Elton John, Elton s’appelait Reginald Dwight. Nous sommes à la fin des années 1950. Reggie vit, à Pinner, une petite ville de province située non loin de Londres. C’est un garçon timide qui reçoit une éducation stricte. Si ses relations avec sa mère et sa grand-mère sont normales, son rapport avec son père est plus compliqué. Ce dernier lui donne très peu d’affection et il en souffre. La musique lui donne un moyen de s’émanciper et de s’affirmer. Le jeune prodige est reçu à la Royal Academic of Music où il perfectionne sa pratique du piano. Quelques années plus tard, après avoir assuré des petits concerts et autres premières parties, il est repéré par une maison de disques qui lui fait signer son premier single. Le timide Reginald devient Elton, une star planétaire à seulement 23 ans. Il connait la gloire, le succès, le strass et les paillettes mais aussi les doutes, les trahisons et les addictions. Un parcours hors du commun dans lequel l’abîme n’est pourtant jamais loin.
Qui est vraiment Elton John ? C’est ce que pose en filigrane Dexter Flechter, le réalisateur de Rocketman qui revient sur les trente premières années de la vie du chanteur britannique qui a marqué – et marque encore – son empreinte à travers ses réalisations et autres influences musicales. Derrière la bête de scène aux costumes tape à l’œil et loufoques se cache en réalité, un homme fragile en guerre avec son passé. Enfant, le jeune Reggie a souffert de l’absence effective de son père, un homme distant et froid qui voyait dans son enfant, l’échec patent de son mariage. Malgré l’amour manifeste de sa grand-mère, Elton John souffrira de ce manque de considération et de reconnaissance paternelle. C’est à travers la musique mais aussi l’amour qu’il cherchera à s’épanouir notamment à travers sa relation avec John Reid, son manager. L’excentricité d’Elton John, c’est un peu le moyen d’échapper à ses vieux démons et de soigner des blessures vives. Tout au long du film, les chansons emblématiques de l’artiste sont présentes, comme pour marquer autant d’évènements marquants et intimes de sa vie, plus ou moins heureux.
Rocketman, c’est l’histoire d’un homme – Elton John – qui, pour s’épanouir concrètement doit tout d’abord s’accepter tel qu’il est, ce qui suppose qu’il fasse la paix avec lui-même. Malgré quelques traines, le film se porte plutôt bien grâce notamment à un bon rythme mais aussi (et surtout) par la prestation de haut-vol de Taron Egerton qui incarne avec force un Elton John à la fois touchant mais aussi extravagant, n’hésitant pas à pointer ses blessures et autres faiblesses.
Rocketman
Un film de : Dexter Fletcher
Pays : Royaume-Uni
Avec : Taron Egerton, Jamie Bell, Richard Madden, Bryce Dallas Howard, Steven Mackintosh
Genre : Biopic, Comédie musicale
Durée : 2h01
Sortie : le 29 mai
Note : 14/20