L’homosexualité est une orientation qui a toujours du mal à passer chez certains, malgré une évolution rapide et saine des mœurs ainsi que des préjugés. Et lorsque vous l’annoncez à vos proches, c’est un peu à quitte ou double. Soit, vous êtes accepté, soit vous êtes rejeté.
Jared Eamons est dans cet entre-deux, tout aussi inconfortable. Nous sommes en 2003. Ce fils unique vit dans une commune rurale des Etats-Unis. Son père, concessionnaire automobile, est également le pasteur de l’Eglise du coin. C’est un homme respecté par les fidèles et la communauté. Lorsque Jared se décide (par la force des choses) à révéler son homosexualité à ses parents, c’est la douche froide. Si ces derniers ne le rejettent d’emblée, ils estiment néanmoins que sa préférence et son comportement sont le fruit d’une déviance qu’il convient de corriger à tout prix. C’est alors que Jared est poussé par son père à suivre une thérapie de reconversion, censé le remettre dans le droit chemin. Il y découvre d’autres pensionnaires mais aussi son but véritable : être (enfin) lui-même.
Boy Erased est tiré d’une histoire vraie, celle d’un ado de 19 ans qui se retrouve contraint à suivre une « thérapie » qui doit lui guérir d’un mal, ou plutôt du mal absolu. C’est du moins ce qu’en concluent ses parents, des personnes respectées dans leur communauté. Tout était tracé pour Jared : la concession et surtout un statut. En l’envoyant dans ce centre dénommé « Le Refuge », Marshall et Nancy Eamons pensent « sauver » leur fils et le remettre dans le droit chemin. C’est ignorer d’une part la souffrance de leur fils (celle de ne pas être compris et surtout accepté tel qu’il est) et d’autre part les méthodes plus ou moins opaques utilisées par Victor Skyes, auto-proclamé thérapeute en chef. Les pensionnaires sont considérés comme fautifs, possédés par le Malin Génie, et la reconversion doit être un électrochoc, quitte à ces derniers en sortent davantage abimés qu’avant.
Malgré un rythme assez lent, Boy Erased est un magnifique plaidoyer pour le droit à l’affirmation de soi et dresse un réquisitoire cinglant et sans concession sur ses centres de reconversion qui profitent de l’ignorance des proches pour promettre des choses irréalistes, en tout cynisme parfois. Nicole Kidman et Russel Crowe incarnent avec justesse mais aussi complexité les parents de Jared, des parents davantage déboussolés et qui pensent faire le bien de leur fils en voulant le guérir, ce qui rend leur attitude à l’égard de leur fils bien plus complexe qu’il n’y parait.
Et en guise de bonus, il y a même mon Xavier qui joue dans le film, ce qui est plutôt sympa et agréable ! 🙂
Boy Erased
Un film de : Joel Edgerton
Pays : Etats-Unis
Avec : Lucas Hedges, Nicole Kidman, Joel Edgerton, Russell Crowe, Flea, Xavier Dolan…
Genre : Drame
Durée : 1h55
Sortie : le 27 mars
Note : 14/20