Le vrai gagnant des Oscar, ce n’est pas Lady Gaga, Black Panther ou encore Green Book mais bien cet homme ou plutôt cette plate-forme :
Avec trois statuettes dont celui du meilleur réalisateur, Roma d’Alfonso Cuaron est le grand gagnant de la 91ème cérémonie de l’Académie des Oscar. Mais c’est bel et bien Netflix qui tire un avantage non négligeable de cette consécration, une victoire qui devrait créer un précédent.
Il s’agit d’un coup parfait pour la plate-forme de vidéo à la demande comptant désormais cinq millions d’abonnés (dont moi ^^) en France, soit plus que Canal Plus. Toujours perçue comme une menace par les pontes de l’industrie cinématographique, la victoire de Roma constitue probablement un tournant, voire une revanche.
En effet, le projet du réalisateur mexicain était ambitieux, un peu trop pour les studios hollywoodiens qui n’ont pas suivi. C’est finalement Netflix qui s’y intéresse et finance en grande partie le film pour un montant tenu secret. Sélectionné à Cannes, il fait figure de favori pour remporter la Palme d’Or. Mais face au précédent d’Okja et à la fameuse chronologie des médias (qui en France veut qu’un film ait trente-six mois d’ancienneté avant d’être disponible sur une plate-forme payante), Netflix se retire du Festival et donc d’une sortie en salles pour finalement proposer son film sur la plateforme, fin décembre. Même son de cloche outre-Atlantique même si le film a tout de même été projeté dans trois salles, le minimum syndical afin que le long-métrage puisse concourir aux Oscars.

Une stratégie visiblement payante et qui risque de mettre les studios et les autres financeurs du cinéma dans une position délicate. Outre le fait d’être passé à côté de ce qu’il semble être un chef d’œuvre, le sacre de Roma est un coup de pub bienvenu pour Netflix qui pourra se targuer de proposer un catalogue de qualité et d’attirer des réalisateurs et acteurs de premier plan. Dans un monde qui se dématérialise de plus en plus, plus nécessairement besoin d’aller au ciné pour voir le film de son réalisateur préféré, une plate-forme suffit. Si en plus, il est reconnu par la critique et consacré par une institution prestigieuse, c’est encore mieux !
En obtenant trois prix, Netflix s’impose comme une entité avec laquelle il faudra compter, du moins qu’on ne peut (totalement) ignorer, voire mépriser. Notre façon de consommer du cinéma évolue et ça, la plate-forme l’a bien compris pour attirer de nouveaux clients et fidéliser les actuels (même si les séries restent la locomotive). Une telle stratégie fait bien évidemment grincer des dents et il y aura toujours des puristes qui feront tout pour rien ne change. Ils n’auront pas totalement tort mais force est de constater que les plate-forme de VAD (Vidéo à la demande) gagnent de plus en plus de terrain et sont capables d’innover en permanence. Elles ne proposent pas un catalogue bien fourni, elles prennent le risque de financer des projets ambitieux, reconnues de qualité sur le plan cinématographique. Le succès de Roma confortera probablement Netflix dans sa stratégie de remise en cause de la chronologie des médias, notamment en France, une donnée qu’il ne convient de ne pas négliger notamment du côté du Festival de Cannes. La solution la plus probable serait la mise en place d’une nouvelle chronologie, voire d’une diffusion immédiate à la fois en salle et sur les plate-forme, ce qui me semble le plus logique. Mais il n’est pas sûr que l’industrie du cinéma (notamment en France) consente à cette révolution que Netflix, Amazon, Disney et bientôt Apple et la Warner entendent imposer.
Personnellement je trouve que Netflix est bien pour les séries mais je pense que pour les films c’est mieux d’aller au cinéma ou d’acheter des DVD.
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