Je fais partie de la communauté des croyants. Comprenez, je crois en Dieu.
Alors je sais pertinemment que vous vous ne préoccupez pas de ce détail et vous demandez (surement) pourquoi j’en parle (à nouveau) sur ce blog. Vous allez vite le comprendre ! 😉
Depuis quelques années, l’Eglise de Rome est secouée par des affaires de pédophilie mais aussi d’agressions sexuelles voire de viol au sein de l’institution. Assez pour que le pape François convoque un colloque spécial sur la question qui s’est réuni il y a quelques jours au Vatican. Un sujet que François Ozon traite dans son nouveau film en revenant sur l’affaire Preymat, du nom de ce prêtre accusé d’actes pédophiles dans le courant des années 1980.
Alexandre fait partie de ses scouts qui ont été abusés par le père Preymat. En 2014, il découvre que ce dernier est de nouveau à Lyon et qu’il continue à officier auprès de mineurs. Il décide alors d’alerter la hiérarchie catholique et en premier lieu le cardinal Barbarin afin que des mesures soient prises. Malgré la compréhension et la bienveillance apparente de l’Eglise, rien n’est fait. Il décide alors de recueillir des témoignages dans l’optique d’une action en justice contre Preymat. Il est alors rejoint par François et Emmanuel, également victimes du prêtre. C’est le début d’un combat visant à faire reconnaitre ce qu’ils ont subi, un combat qui ne sera pas sans conséquences.
Bien que la plupart des personnages soit fictifs, Grâce à Dieu s’inspire bien de l’affaire Preymat ou plutôt de la démarche courageuse d’hommes qui souhaitent tout simplement une chose : que la vérité soit dite et la « parole libérée », ce qui mènera à la création de leur association éponyme, début 2016. Ils ne sont pas animés par la vengeance ou une haine contre l’Eglise même si tous n’ont pas le même rapport à la souffrance qu’ils endurent. Si Alexandre continue à croire en Dieu et élève ses enfants dans la foi catholique, François et Emmanuel sont en revanche plus vindicatifs au point que leur croyance en Dieu est remise en question. Si Alexandre arrive à avoir une vie « normale », tout comme François, leur démarche divise au sein de leurs familles respectives, certains craignant un retour de bâton. Après tout, poursuivre un prêtre pédophile, c’est remettre en cause l’autorité politique et morale de l’Eglise et comme on n’aime pas trop les scandales, au sein de la communauté des croyants, on choisit la solution de facilité, à savoir le silence et l’oubli en espérant que le temps et le pardon suffiront ! C’est parce qu’ils veulent que l’Eglise reconnaisse publiquement ses fautes et les souffrances qu’ils ont enduré qu’Alexandre, François et Emmanuel mènent ce combat difficile.
Souvent comparé à Spotlight (d’ailleurs François Ozon fait un subtil clin d’œil à ce long-métrage consacré meilleur film aux Oscars 2016), Grâce à Dieu, visé par deux requêtes judiciaires, a failli ne pas sortir, du moins être reporté en attendant le procès du prêtre Preymat prévu fin 2019, début 2020. La décision du Tribunal de Lyon est, pour moi, une décision nécessaire dans la mesure où ce film est avant tout salutaire. Grâce à Dieu, loin d’être une attaque en règle contre l’Eglise catholique, met en avant le combat d’hommes pour préserver leur dignité. Un film salutaire si l’Eglise de Rome (j’entends par là les institutions) veut rester crédible auprès des fidèles, il en va de son autorité, voire de son avenir.
Grâce à Dieu
Un film de : François Ozon
Pays : France
Avec : Melvil Poupaud, Denis Ménochet, Swann Arlaud, Josiane Balasko, Frédéric Pierrot…
Genre : Drame
Durée : 2h18
Sortie : le 20 février
Note : 17/20