Les procès d’assises ont toujours quelque chose de passionnant. Même si je n’ai pas eu la chance (si on peut dire) d’y assister, c’est quand même quelque chose de particulier à découvrir tant les enjeux sont énormes mais aussi (dans certains cas) des zones d’ombres qui pèsent sur le ou les prévenus.
C’est le cas pour Jacques Viguier. Nous sommes en 2009 à Albi dans le Midi-Pyrénées. Cet universitaire de 47 ans est jugé une seconde fois, accusé du meurtre de sa femme. Acquitté une première fois, il risque, une nouvelle fois, une lourde condamnation. Depuis qu’elle a assisté au premier procès, Nora, restauratrice à Toulouse, est convaincue de l’innocence de Viguier. Craignant l’erreur judiciaire, elle fait appel à un ténor médiatique du barreau. Après s’être montré réticent, le célèbre avocat décide finalement de reprendre l’affaire. Avec Nora, ils remontent le fil de l’enquête afin d’établir la non-culpabilité de Viguier. Mais alors que l’étau se resserre contre ce dernier et que tout semble l’accuser, Nora cherche par tous les moyens, de mettre Viguier hors de cause, jusqu’à l’obsession.
Eric Dupont-Moretti, le très médiatique (et talentueux) ténor du barreau avait été approché pour plaider en faveur de Jacques Viguier, ce qu’il a fini par accepter. Très vite, on ressent les vives réticences de l’avocat – incarné par un très bon Olivier Gourmet – pour cette affaire assez complexe. En effet, si tout semble aller contre l’universitaire, il n’existe aucune preuve formelle de sa culpabilité, d’autant que le corps de sa femme, Suzie, est introuvable. Certains plaident tout simplement la disparition volontaire à l’instar de ses enfants, de ses parents mais également de Nora qui le défend mordicus.
Mais quelles sont les motivations réelles de Nora dont les liens avec la famille Viguier restent vagues ? Est-ce son intime conviction qui la guide ou bien plus ? Toujours est-il que ce fort intérêt pour l’affaire n’est pas sans conséquence pour son équilibre professionnel comme personnel. Le cas Viguier est tout simplement chronophage, elle y passe des journées, voire des nuits entières pour établir l’innocence de cet homme, quitte à placer son fils, sa vie amoureuse et professionnelle au second plan. Le tout sous l’œil vigilant, mais aussi méfiant d’Eric Dupont-Moretti qui tente, d’une certaine manière de canaliser cette femme mais dont l’aide est bien précieuse pour lui.
Une intime conviction n’est finalement pas un film sur le procès Viguier, il sert juste de cadre pour mettre en avant certaines dérives notamment celui, pour tout à chacun, de vouloir la vérité et lutter contre tout ce qui pourrait être vu comme une erreur judiciaire. C’est la justice d’opinion qui guette et qui est tout autant dangereuse, ce que le film expose en filigrane, bien aidé par la très bonne prestation de Marina Foïs et d’Olivier Gourmet.
Une intime conviction
Un film de : Antoine Raimbault
Pays : France
Avec : Marina Foïs, Olivier Gourmet, Laurent Lucas, Jean Benguigui, François Fehner…
Genre : Judiciaire, Thriller
Durée : 1h50
Sortie : le 6 février
Note : 15/20