Paul Dano. Ce nom ne vous dit peut-être pas grand-chose. C’est dommage même si cela n’est pas dramatique en soi. Pourtant, il est loin d’être un inconnu notamment pour les cinéphiles. Pour ma part, je l’ai découvert en tant qu’acteur dans le film potache et bien drôle, The Girl Next Door sorti en 2004, et qui – pour l’anecdote – relate l’histoire d’un ado qui sympathise avec sa nouvelle voisine, une star du X (ce qu’il ignore bien évidemment). Klitz, alias Paul Dano, joue l’un de ses amis.
Depuis le comédien de 34 ans a en fait du chemin et propose un jeu assez particulier. Là, il va encore plus loin puisqu’il passe derrière la caméra pour réaliser son premier long-métrage. Nous sommes en 1960, dans le Montana, en plein nord-ouest des Etats-Unis, non loin des Montagnes Rocheuses. Jerry et Jeannette Brinson viennent de s’y installer avec Joe, leur fils unique de 14 ans. Jerry a trouvé un emploi d’homme à tout faire dans un club de golf tandis que sa femme reste au foyer. Quant à Joe, il poursuit sa scolarité et pratique le football américain bien qu’il soit du genre refermé. Cet équilibre précaire se brise lorsque le père perd son emploi. Très vite, les différences et les fissures au sein du couple s’affirment. Jerry et Jeannette s’éloignent inévitablement sous le regard impuissant de Joe. Très vite, ce dernier assiste à l’effondrement de sa famille. Son père part du domicile familial suite à son nouveau travail (éteindre un incendie en montagne) Dans le même temps, sa mère se rapproche d’un riche homme d’affaires d’une cinquantaine d’années.
Joe est, malgré lui, pris en otage dans l’affrontement larvé entre son père et sa mère. Il constate, de manière implacable, la dissolution du mariage de ses parents, un évènement auquel il ne peut y remédier, non pas qu’il s’en fiche mais qu’il accepte avec un certain fatalisme. Jerry et Jeannette, ce sont, en effet, deux caractères bien différents. L’un comme l’autre semble ne plus être heureux dans ce couple qui ne semble exister qu’en raison de l’existence de Joe. Pire, on a le net sentiment qu’ils étouffent, qu’ils ont besoin de (re)prendre leur liberté, chose assez compliquée dans l’Amérique rurale et conservatrice des années 1960. Cela se voit notamment avec Jerry mais plus nettement avec Jeannette. Elle n’est pas trop heureuse de sa condition (être mère au foyer) et entend jouer un rôle plus important, notamment en reprenant une activité professionnelle. La démarche est d’autant bienvenue que Jerry se retrouve (un temps) au chômage et qu’il faut nourrir le foyer. Mais l’indifférence de son mari, conjugué à une lassitude certaine, ne facilitent pas les choses. Face à cela, Joe passe progressivement de l’enfance à l’âge adulte sans être vraiment préparé et encore moins protégé. S’il est épargné par un conflit verbal ou physique, c’est plutôt l’attitude de ses parents qui fait qu’il est exposé, Jerry et Jeannette leur imposant brutalement leurs désirs. Tiraillé, Joe s’apercevra que le temps de l’innocence est désormais révolu.
Premier film de Paul Dano, Wildlife, une saison ardente (tiré d’un roman), porté par un Jake Gyllenhaal touchant et une Carey Mulligan remarquable, est une histoire singulière, bien mise en scène malgré quelques lenteurs. Un projet à découvrir et qui fait office de contre-programmation sympa en cette période d’avant-fêtes.
Wildlife, une saison ardente (Wildlife)
Un film de : Paul Dano
Pays : Etats-Unis
Avec : Carey Mulligan, Jake Gyllenhaal, Ed Oxenbould, Bill Camp, JR Hatchett…
Genre : Drame
Durée : 1h45
Sortie : le 19 décembre
Note : 14/20