Les Invisibles : des dames dignes

A l’occasion du premier festival du logement lancé à Colombes, à l’initiative du Collectif Logement, qui se tient jusqu’au 1er décembre au soir,  les organisateurs de cet évènement ont projeté en avant-première Les Invisibles de Louis-Julien Petit. Direction donc le nord des Hauts-de-Seine au Théâtre-Cinéma pour découvrir ce long-métrage dans le cadre de cette manifestation innovante.

Le film sort le 9 janvier 2019.

3233262.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxxParler de l’exclusion sans tomber dans le misérabilisme ou l’excès d’optimisme. C’est le grand classique (et dilemme) du cinéma français auquel il est confronté. En effet comment raconter des histoires singulières qui rendent à la fois hommage à celles et ceux qui les ont vécu sans pour autant minimiser voire nier les difficultés ou les souffrances qu’elles et ils ont subi ? Et comment le faire lorsqu’il s’agit de femmes en situation d’extrême précarité ?

C’est tout le pari de Louis-Julien Petit, un cinéaste que je découvre même s’il semble qu’il n’est pas novice en la matière. Après Discount en 2015 qui s’attaquait au monde de la grande distribution, voici son second film, Les Invisibles. Nous sommes dans le nord de la France non loin de Valenciennes. L’Envol est un centre d’accueil de jour dans lequel des femmes SDF peuvent s’y réfugier, prendre une douche ou bien encore souffler avant de regagner leur lieu de fortune la nuit. C’est un endroit particulièrement apprécié mais menacé. Jugé peu efficace par la municipalité qui décide de ne plus le subventionner, il est tout simplement voué à la fermeture. Les femmes qui s’y rendent sont invitées à rejoindre un autre centre mixte et en périphérie, ce qu’elles refusent. Un soir, elles sont délogées par les forces de l’ordre d’un terrain qu’elles occupaient illégalement. C’est alors qu’Audrey, Angélique, Hélène et Manu, les quatre travailleuses sociales de L’Envol, ont une idée : les aider à se réinsérer dans la société quel que soit les moyens légaux ou non. Face à l’urgence et à l’épée de Damoclès qui risque de s’abattre sur le centre, tous les moyens sont bons pour contourner la loi, voire ne pas la respecter du tout ! Ceci dans la joie et la bonne humeur !

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On pense souvent que le SDF est (forcément) un homme, blanc et d’un certain âge. Avec Les Invisibles, Louis-Julien Petit tend à briser ce cliché en mettant en première ligne ces femmes qui sont en marge de la société et dont bien peu se préoccupent de leur situation. Elles ont connu, pour la plupart d’entre elles, plusieurs accidents dans la vie qui ont fait qu’elles ont peu à peu basculé dans la rue. Homme violent, alcool, dépression… ces femmes connaissent des moments particulièrement pénibles et tentent plus ou moins d’émerger avec l’aide des travailleuses sociales de L’Envol. C’est pour elles, une bouée, celle qui leur permet de s’accrocher et retrouver par-delà, une dignité qu’on leur refuse. Au sein du centre, elles s’attachent à retrouver confiance en elle et retrouver un sens à leur existence. Une manière également pour démontrer aux autorités et à celles qui les soutiennent au quotidien qu’elles peuvent remonter la pente, du moins d’y arriver même si certaines doivent déployer plus d’énergie que d’autres. Elles savent qu’elles peuvent compter sur les responsables et bénévoles de la structure même si face à la misère sociale, Audrey, Angélique, Hélène et Manu se sentent le plus souvent désarmées.

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Les Invisibles revêt quelque chose de singulier dans la mesure où la plupart des actrices qui jouent les femmes SDF l’ont réellement été dans le passé, ce qui donne au long-métrage une tonalité encore plus forte et réaliste. Louis-Julien Petit ne tombe pas dans le piège du misérabilisme comme dans celui du « gentil monde des Bisounours » mais il décrit une réalité sociale avec ses violences mais aussi ces instants de communion et de solidarité. Porté par Audrey Lamy, Corinne Masiero, Noémie Lvosky et Déborah Lukumuena, ce long-métrage se veut humain, ce qui n’est plus mal, bien au contraire ! 😉

Les Invisibles

Un film de : Louis-Julien Petit

Pays : France

Avec : Audrey Lamy, Corinne Masiero, Noémie Lvovsky, Déborah Lukumuena, Sarah Suco, Paulo Pouly…

Genre : Comédie, Comédie sociale

Durée : 1h42

Sortie : le 9 janvier

Note : 15/20

[BONUS] A l’issue de la projection, échanges avec une membre de l’équipe du film puis avec Florence Gauthier, Geneviève Gojard et Véronique Monge, toutes trois organisatrices du festival. L’occasion d’évoquer avec eux cette manifestation originale mais aussi le choix de ce film fort. Bonne lecture audio !

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