Préparer des adolescents difficiles à leur vie d’adulte. Ce n’est pas toujours simple de mener cette mission à bien surtout lorsque les intéressés sont quelque peu turbulents, pour ne pas dire réfractaires. Toutefois, il ne suffit de pas grand-chose pour que l’impensable se produise enfin.
Pour s’en convaincre, direction l’Est Parisien. Wael est un homme d’une trentaine d’années qui vit d’arnaques et autres magouilles, (bien) aidée par Monique, une personne d’un certain d’âge. Cette dernière considère Wael comme son fils et aimerait bien qu’il s’en sorte une bonne fois pour toutes. Lors d’une énième arnaque qui tourne court, ils tombent sur Victor. Ce retraité vient d’ouvrir un centre pour jeunes en difficulté. Ils doivent suivre un stage dont la première journée est obligatoire. Victime de la tentative de vol, Victor pourrait en toute logique porter plainte. Mais grâce (ou à cause c’est selon) de son amitié avec Monique, il décide de passer l’éponge, à une condition : que Wael vienne travailler une journée au centre, en attendant qu’un éducateur soit embauché. Ce dernier accepte à contrecoeur et part à la rencontre de ces six collégiens à problème. Une rencontre qui va irrémédiablement changer le cours des choses.
Kheiron fait la passe de deux. Après le très bon Nous trois ou rien où il relate le parcours de ses parents fuyant la révolution islamique en Iran pour s’établir à Pierrefitte, changement de cadre avec une histoire qui alterne moments cocasses, instants comiques, et temps mélancoliques. Wael est un homme qui jongle entre deux arnaques pour pouvoir trouver un sens à sa vie. Il faut dire que son passé est particulier. Enfant des rues, il a vu sa famille mourir sous ses yeux durant la guerre civile au Liban dans les années 1980. Recueilli par une bonne sœur qui se lie d’affection pour lui, il aura droit à l’instruction dans une école catholique. Mais sa foi en Dieu – et plus précisément en la bonté humaine – sera mise à l’épreuve au travers quelques évènements traumatisants. Des histoires marquantes mais qui curieusement, lui serviront d’exemple et de force lorsqu’il s’agira d’éduquer les six collégiens en difficulté.
Car au fond, Wael n’est pas si différent de ces gamins qui cachent le plus souvent un mal-être, voire un malaise. Si l’apprenti éducateur a connu la faim et la cruauté des adultes, Shana, Karim, Fabrice et les autres subissent la dure réalité de la vie. Comme le résume très clairement Victor, ce ne sont pas des enfants à problèmes, ce sont des enfants qui ont des problèmes, ce qui change tout. Tout ce petit monde va mutualiser ses forces et s’entraider mutuellement, pour au final tenter de retirer le meilleur.
Drôle, mélancolique et émouvant, Mauvaises herbes est dans la même trempe que Nous trois ou rien. Décidément, Kheiron a le chic pour raconter des histoires et comme le dit un certain Victor H. : « il n’y a ni mauvaises herbes ni mauvais hommes. Il n’y a que de mauvais cultivateurs »
Un film de : Kheiron
Pays : France
Avec : Kheiron, Catherine Deneuve, André Dussollier, Louison Blivet, Adil Dehbi…
Genre : Comédie
Durée : 1h45
Sortie : le 21 novembre
Note : 16/20