L’hôtel. Un lieu pour y séjourner bien sûr mais aussi un lieu de rencontres plus ou moins improbables, le terrain de toutes les intrigues et de tous les rebondissements. C’est un classique du cinéma mais qui demeure toujours intéressant d’exploiter.
Nous sommes en janvier 1969. L’hôtel El Royale est un établissement à cheval entre deux Etats : la Californie et le Nevada. La frontière est clairement délimitée à l’intérieur comme à l’extérieur des lieux. El Royale attire encore des gens malgré son relatif déclin. Ce soir-là, un prêtre, une chanteuse de gospel en route vers Reno, un vendeur d’aspirateur ou encore une jeune femme sont de passage, le tout sous l’œil de Miles, le gérant qui enregistre les arrivées. Bref, une soirée tranquille… ou pas. En effet, si tous se retrouvent dans cet hôtel, ce n’est pas pour le hasard mais pour un but bien précis. Un but qui pourrait bien bouleverser les choses d’autant que rien ne va se passer comme prévu.
Sept personnes, sept secrets, une nuit. C’est ainsi que l’on pourrait résumer le long-métrage de Drew Goddard qui, dès les premières minutes, nous met dans l’ambiance. Dans ce quasi-huit clos, les protagonistes se rencontrent, s’observent et se surveillent mutuellement. Il faut dire que l’atmosphère aide assez, l’hôtel est milieu de nulle part, niché dans les Rocheuses et propice à toutes les intrigues. Comme je l’indiquais précédemment, nos protagonistes ne sont pas là par hasard et sont bien plus liés qu’en apparence. Ils ne se connaissent nécessairement pas mais ils ont tous un lien, ce que le film arrive à mettre en évidence, à travers différents plans-séquences. Les histoires personnelles des uns et des autres s’entremêlent jusqu’à retrouver un point commun au fur et à mesure que le spectateur avance dans l’histoire.
Sale temps à l’hôtel El Royale est également une mise en lumière de l’Amérique des années 1960/1970. Une nouvelle décennie démarre avec l’élection de Richard Nixon à la Maison Blanche et la lutte pour les droits civiques s’affirme. La guerre du Viêt-Nam bat son plein et le mouvement hippie prend son essor avec le plus souvent des dérives sectaires. Enfin, si l’ordre moral est prôné, cela n’empêche pas certaines personnalités bien placées d’avoir des comportements déviants, en tout cas, suffisamment déviants pour qu’on envoie un agent du FBI récupérer et effacer une quelconque trace compromettante. Toutes ses contradictions se retrouvent dans chacun des personnages, ce qui donne une saveur particulière au film et rend son issue moins prévisible qu’il n’y parait.
Résultat des courses et malgré une vingtaine de minutes un peu laborieuse, Sale temps à l’hôtel El Royale réussit à maintenir le spectateur en haleine et dans une ambiance assez spéciale. Le tout avec son lot de rebondissements et de surprises dont celle inattendue : retrouver Xavier Dolan (mon Xavier comme je le dis affectueusement) incarner un producteur cynique, froid et antipathique !
Sale temps à l’hôtel El Royale (Bad times at the El Royale)
Un film de : Drew Goddard
Pays : Etats-Unis
Avec : Jeff Bridges, Cynthia Erivo, Chris Hemsworth, Dakota Johnson, Jon Hamm, Cailee Spaeny, Xavier Dolan…
Genre : Thriller, Policier
Durée : 2h15
Sortie : le 7 novembre
Note : 15/20