J’ai une attention toute particulière pour la Pologne. Non seulement parce que j’ai des copains polonais (ou d’origine polonaise) mais parce que j’y ai vécu il y a quelques années. Aussi, c’est toujours un plaisir de voir un film polonais, loin des clichés que l’on pourrait avoir.
Loin des clichés d’autant que le nouveau film de Pawel Pawlikowski se démarque assez bien. D’une part en raison de son scénario mais aussi parce qu’il est tourné intégralement en noir et blanc, ce qui renforce cette ambiance quelque peu particulière mais agréable à voir.
Nous sommes en 1949, en Pologne donc. Wiktor est un compositeur plutôt talentueux. Il parcourt le pays afin de recruter des chanteurs et des danseurs qui intégront une troupe. Parmi les sélectionnés, Zuzanna (dite Zula) à la voix douce et mélodieuse. Wiktor est sous le charme et tombe amoureux de Zula. La réciproque est vraie, du côté de la jeune femme. Mais dans la Pologne post-Seconde Guerre mondiale, il n’est pas évident de vivre librement cet amour et surtout de bâtir commun. Epris de liberté et convaincu de trouver un meilleur avenir ailleurs, Wiktor tente de convaincre Zula de passer à l’Ouest, profitant d’une tournée de la troupe à Berlin-Est. Curieusement, la jeune femme ne se résout pas à le suivre et c’est donc seul que Wiktor rejoint Paris, capitale du jazz, où il se reconvertit compositeur de musique de films et joueur de cabaret. Quelques années plus tard, alors qu’il vit sa vie de bohême, Wiktor voit débarquer Zula dans la capitale. S’en suivent une quinzaine d’années dans l’histoire du couple, entre désir, amour, hésitations et mal-être.
Pawel Pawlikowski est un réalisateur que j’ai découvert en 2014 lors de la sortie d’Ida son précédent film. Un cinéaste qui aime bien raconter le destin plus ou moins tortueux de ses personnages et Cold War n’échappe pas à la règle. Dans la Pologne d’après-guerre, le régime communiste tente de donner une nouvelle impulsion au pays. Mais dans un contexte marqué par la Guerre froide, Wiktor et Zula ne se sentent pas à leur place. Si tous deux sont éperdument amoureux, ils sont très vite confrontés à la réalité et on comprend très vite qu’ils ne sont pas libres. Zula est par exemple chargée par les hautes autorités de surveiller Wiktor, considéré comme subversif. Cette « mission » ne remettra pas en cause son amour pour le musicien, d’autant qu’elle finit par lui avouer sans problème. Seule solution pour vivre cet amour impossible, l’exil. Direction donc Paris, la ville des possibles où tout leur devrait être permis. Toutefois, si cette vie de bohême et de jazz convient parfaitement à Wiktor, elle devient de moins en moins supportable pour Zula qui se sent de plus en plus étrangère. Elle est certes libre mais la liberté a un prix, bien trop élevé. Paris devient une cage dorée, un lieu où elle ne trouve pas son identité. Mais est-elle tout aussi épanouie dans la Pologne communiste ? Et surtout comment résoudre cette équation impossible entre exil, liberté et mère-patrie ?
Avec son heure et demie, une mise en scène très travaillée (récompensé par un prix lors du dernier Festival de Cannes) et une fin assez surprenante, Cold War se veut très mélancolique sans tomber dans la caricature ou le côté gnangnan, bien au contraire ! Le film décrit l’évolution d’un amour fort, sincère et puissant mais surtout impossible dans le sens où il sera confronté de manière implaccable à la réalité.
Un joli film d’auteur à découvrir (surtout si vous adorez le jazz !) 😉
Cold War (Zimna Wojna)
Un film de : Pawel Pawlikowski
Pays : Pologne
Avec : Joanna Kulig, Tomasz Kot, Agata Kulesza, Borys Szyc, Cédric Kahn, Jeanne Balibar…
Genre : Romance, Drame
Durée : 1h29
Sortie : le 24 octobre
Note : 16/20
Un avis sur “Cold War : amour, déchirements et déracinements”