Il y a quelques années, j’avais découvert l’histoire de Samy, un ado de 14 ans qui, du jour au lendemain, voyait son univers complètement bouleversé. En effet, ce dernier, suite au nouveau travail de sa mère, allait quitter sa cité paisible de Châlons-sur-Saône pour se retrouver dans « l’enfer » de Neuilly-sur-Seine, la ville de l’ex-agité de l’Elysée. C’était pour lui, le début d’une aventure hors de commun, notamment dans la famille de sa tante, les De Chazelle.
Dix ans après, Samy a bien grandi. Etudiant à Sciences Po Paris, il est en dernière année et s’apprête à rejoindre la très prestigieuse Ecole Nationale d’Administration (ENA). Si dans la cité Picasso à Nanterre, il est devenu une référence, il n’en reste pas moins humble. Il voit toujours sa famille de Neuilly dont Charles, le fan ultime de Sarkozy. Ce dernier, comme son père, Stanislas, n’a vraiment digéré la défaite de son champion en 2012 ainsi que les cinq ans de présidence Hollande. Mais ce n’est rien comparé aux soucis judiciaires de son père qui est contraint de fuir. Ce dernier et toute sa famille trouvent refuge à… Nanterre, chez Samy. Gros changements à venir pour les De Chazelle et en particulier pour Charles, noyé dans sa dépression post-Sarko.
Comme j’ai souvent tendance à l’écrire, faire la suite d’un film, c’est toujours à double-tranchant, les résultats étant la plupart du temps très inégaux, pour ne dire décevants. Aussi, lorsque j’ai appris en fin d’année dernière que le film de Gabriel Julien-Laferrière allait avoir un second opus, j’étais entre excitation et prudence.
Car s’il existe bien une suite directe avec Neuilly sa mère !, Neuilly sa mère, sa mère ! développe sa propre histoire, davantage concentrée sur le personnage de Charles, interprété par un excellent Jérémy Denisty. Celles et ceux qui ont vu le précédent opus, se rappellent sans doute de cet ado qui vouait un culte pour Nicolas Sarkozy et qui rêvait tout bonnement d’Elysée. Si la défaite de ce dernier suivi des mésaventures de son père stoppent net cette ambition, son arrivée imprévue à Nanterre lui donne une occasion de rebondir. Après tout, pourquoi ne pas briguer la Mairie ?
Vous l’aurez compris, non seulement Charles n’a pas tiré un trait sur ses ambitions mais c’est aussi le prétexte tout trouvé pour le film de se moquer éperdument de notre classe politique, tout en restant collé à l’actualité (quasi) immédiate. Tout y passe, le PS, les Républicains, La République en marche sans oublier le FN… Le nouveau monde si cher à notre Président de la République, n’est pas si nouveau que cela, comme le montrent les efforts menés par Charles pour convaincre les Nanterriens de voter pour lui. A cela, ajouter une dose de dérision (voire d’autodérision) à l’adresse d’Arnaud Montebourg et de Julien Dray (qui incarnent leur propre rôle), mais aussi quelques sous-entendus concernant Emmanuel Macron (une scène faisant état de son homosexualité présumée est notamment très équivoque) vous avez notre classe politique rhabillée pour l’hiver !
Résultat des courses, on rigole à gorges déployées dans ce second opus qui n’oublie pas d’aborder d’autres angles comme l’évolution de Samy, sa relation avec Marie (son grand amour) et ses projets. Avec un casting assez dense et sa palette de guest-stars (Charline Vanhoenacker, Eric Dupont-Moretti, Sophia Aram…), on a 1h48 garantie de bon moment.
En attendant, un Neuilly sa mère, sa mère, sa mère ? La scène post-générique tient à le suggérer ! :p
Neuilly sa mère, sa mère
Un film de : Gabriel Julien-Laferrière
Pays : France
Avec : Samy Seghir, Jérémy Denisty, Denis Podalydès, Sophia Aram, Joséphine Japy, Valérie Lemercier, François-Xavier Demaison, Arnaud Montebourg, Julien Dray, Chloé Coulloud, Josiane Balasko, Elie Semoun, Fatsah Bouyahmed…
Genre : Comédie
Durée : 1h42
Sortie : le 8 aout
Note : 17/20