Il y a des affaires, des rencontres qui peuvent changer le cours de votre existence surtout lorsque celle-ci semble être réglée telle une partition. Au point de vous remettre lourdement en cause.
Prenez le cas de Fiona Maye. C’est une juge renommée qui travaille à la Haute Cour d’Angleterre. Femme de droit, c’est aussi quelqu’un de très rigide et de très cartésienne. La loi, c’est la loi et cela se ressent à la façon dont elle rend ses verdicts. Un jour, elle est appelée pour statuer sur un cas sensible. Adam est un jeune homme de bientôt 18 ans atteint d’une leucémie. Ses soins nécessitent une transfusion sanguine, sans quoi il est condamné. Un problème subsiste cependant : ses parents et lui-même sont de fervents Témoins de Jéhovah et leur croyance leur interdit toute intervention médicale, allant contre l’avis du corps médical. Face à cette situation, le juge Maye décide d’aller voir Adam et recueillir l’avis de l’intéressé avant de prendre sa décision. Cette rencontre constituera un tournant dans la vie des deux êtres.
Comme je l’écrivais un peu plus tôt, Fiona (dite « Fi ») a une vie réglée comme du papier à musique. Elle gagne plutôt bien sa vie, habite dans un quartier cossu de Londres, est mariée et n’a pas d’enfant. C’est une virtuose du piano et elle rend la justice de manière froide et implacable. Non pas qu’elle soit inhumaine mais elle ne cherche pas à se compliquer la vie. Le droit c’est le droit, un point c’est tout. Son attitude entache toutefois ses relations avec les autres notamment avec son époux qui se sent de plus en plus mal à l’aise dans leur couple, au point que leur mariage est purement et simplement menacé. Son assistant en prend également de toutes les couleurs, lui qui fait face à une femme assez solitaire, qui ne vit que pour son travail au point d’oublier ce qui l’entoure.
Sa rencontre avec Adam marquera un avant et un après. Le jeune homme est un passionné de littérature et de poésie, le fils qu’elle aurait voulu avoir, il a, en toute logique, la vie devant lui. Aussi, Fi ne comprend pas vraiment pourquoi, lorsqu’on a à quasiment 18 ans, on décide tout simplement de s’en remettre à sa foi et espérer la vie sauve alors qu’une simple intervention suffirait ? Et si, en réalité, Adam n’était pas si libre qu’il prétend être ? Et si, son choix était guidé (pour ne dire dicté) sous la pression de ses parents qui revendiquent, d’une certaine manière, leur libre arbitre, celui de s’en remettre à ce qu’ils croient, à leurs valeurs ? Au-delà, c’est la question du droit de mourir dans la dignité qui est posée et qui s’oppose à celle du droit qui se veut immuable et implacable. Face à cela, la juge sait que sa décision aura quoiqu’il en soit un impact sur la suite, mais pas forcément celui qu’elle aurait imaginé.
Justement interprété par Emma Thompson, My lady est un film assez convaincant même si l’intrigue n’est pas (forcément) celle que l’on croit. En réalité, plusieurs histoires s’entremêlent, ce qui rend le long-métrage assez mélancolique.
My lady (The Children Act)
Un film de : Richard Eyre
Pays : Royaume-Uni
Avec : Emma Thompson, Stanley Tucci, Fionn Whitehead, Ben Chaplin, Jason Watkins…
Genre : Judiciaire, Drame
Durée : 1h45
Sortie : le 1er aout
Note : 13/20