Un petit détail qui fait (toute) la différence

Les observateurs (et cinéphiles) bien informés n’ont sans aucun doute manqué ce détail qui veut tout dire. En effet, le community manager de Pathé a tout simplement changé le logo de profil. Au revoir les cinémas « Gaumont-Pathé » ! Bienvenue aux cinémas… « Pathé-Gaumont »

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A priori, cette nouvelle appellation ne devrait pas être synonyme de changement extraordinaire dans votre vie de cinéphile. A la rigueur, vous vous en fichez royalement tant que cela ne vous interdit pas d’aller voir des films. Vous avez tout à fait raison, à première vue et sur toute la ligne en réalité. Toutefois, ce détail – aussi insignifiant soit-il – reste très important puisqu’il officialise la cession par Gaumont des parts qu’elle détenait au sein de la société d’exploitation qu’elle avait fondé avec l’autre géant Pathé, ce qui constitue un tournant.

En 2001, Gaumont et Pathé s’étaient associés face à UGC et sa carte illimitée en mutualisant leur réseau et en créant une offre d’abonnement concurrente. Ce rapprochement avait permis à la toute nouvelle société de devenir l’exploitant numéro 1 en hexagone mais également en Belgique, Suisse et Pays-Bas, forte de ses 108 salles. Mais en mars 2017, Gaumont adopte une nouvelle stratégie. La compagnie centenaire décide de se recentrer sur la production et la distribution de films. Exit donc l’exploitation ! L’entreprise à la pétale de marguerite revend les 34% des parts qu’elle détenait à Pathé qui devient l’unique actionnaire.

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Cette transaction permet à Pathé de renforcer sa position et d’être maitre du jeu mais également à Gaumont de se renflouer. En effet, l’entreprise était noyée sous les dettes et cherchait un moyen de se relancer. En revendant sa part 380 millions d’euros et en retirant son cours en Bourse, elle compte bien se concentrer sur ce qui est rentable, en tout cas davantage rentable que l’exploitation de salles.

Car exploiter une salle n’est pas souvent une sinécure et à ce jeu nombreux sont les sociétés qui se sont cassés les dents. Gaumont par exemple a profité de son retrait pour revendre à UGC son multiplexe de Talence, permettant à la seconde de renforcer son offre dans la métropole bordelaise, en 2016. De son côté, UGC a du se résoudre à quitter Rouen en 2015, son cinéma étant assez peu rentable. Depuis, c’est le belge Kinépolis (encore peu connu en France) qui a repris le flambeau.

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Cinéma Gaumont de Talence (Bordeaux) désormais sous pavillon UGC

Aussi, le changement de marque devrait permettre à Pathé de monter en puissance tout en utilisant un nom que tout le monde connaît et identifie dans l’imaginaire collectif même si (curieusement) Pathé semble davantage implanté que Gaumont, sur le plan des multiplexes, il suffit de voir en région parisienne (Quai d’Ivry, Conflans Sainte-Honorine, Thiais-Belle Epine, Boulogne-Billancourt) mais également en province (Marseille, Lyon, Grenoble, Strasbourg…). Mais c’est probablement une étape transitoire, celle (logique) qui veut que les cinémas Pathé Gaumont, s’appellent tout simplement Pathé et que les salles qui demeurent encore sous le pavillon de la marque à la pétale de marguerite passent désormais sous celui du coq.

Effectivement, c’est un détail qui fait toute la différence (et qui ouvre la voie à toutes les spéculations)

 

2 commentaires sur “Un petit détail qui fait (toute) la différence

  1. Article très intéressant !
    D’ailleurs, depuis que Pathé a repris les rennes, on peut voir de nouveaux essais technologiques, notamment la naissance de Marie, l’intelligence artificielle qui permet de réserver sa place via les enceintes connectées.
    J’ai lu un article très intéressant à ce sujet, pour ceux qui voudraient en savoir plus =)
    https://ladeadline.com/assistant-vocal-gaumont/

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