Certains évènements ont eu un impact majeur sur la marche du Monde et sur le destin d’une région, même si cela ne saute pas vraiment aux yeux à première vue.
C’est pourtant ce qui s’est passé un jour de juin 1976. Un vol Air France reliant Tel-Aviv à Paris via Athènes est détourné par des pirates de l’air qui avaient embarqué dans la capitale grecque. Ce commando est composé de militants palestiniens qui veulent dénoncer l’occupation de leur terre par Israël. Avec eux, deux allemands, membres des mouvances d’extrême gauche et soutien à leur cause. Le groupe retient plus de 200 personnes, majoritairement des citoyens israéliens. La nouvelle met le gouvernement d’Yitzhak Rabin en état d’alerte. Après plusieurs négociations, l’avion détourné atterrit à Entebbe, à l’époque, la capitale de l’Ouganda. Débute une semaine qui va changer le cours de l’Histoire.
Ce n’est pas la première fois que le cinéma évoque la prise d’otages d’Entebbe. Il en est notamment fait mention dans le très bon Le Dernier roi d’Ecosse, vers la fin du film. Un événement marquant dans l’histoire d’Israël puisqu’il constitue un tournant pour nombre de protagonistes et dont les conséquences se font encore sentir, à plusieurs titres.
Cette prise d’otage intervient dans un contexte marqué par la mise en place (ou plutôt la tentative) d’une internationale terroriste, ce que montre clairement le film. Tout au long des années 1970, les différents groupes d’actions tels que la Bande à Bader en Allemagne, les Brigades rouges en Allemagne ou encore Action Directe en France, engagent une lutte sans concession contre le capitalisme qu’ils vomissent mais aussi contre toute forme d’oppression. A ce propos, le combat des Palestiniens contre le gouvernement israélien les mobilisent tout particulièrement. C’est parce qu’ils considèrent la cause juste que Brigitte Kuhlmann et Wilfried Bose (respectivement incarnés par Rosamund Pike et Daniel Brühl), proches des milieux d’extrême gauche, rejoindront le groupe palestinien à Athènes.
De son côté, le détournement du vol Air France est un test pour le gouvernement israélien qui doit démontrer sa capacité à faire face mais qui hésite sur l’option à prendre comme en témoigne les passes d’armes entre Yitzhak Rabin et Simon Peres, son ministre de la Défense. Si tous les deux affichent une détermination sans faille, le premier s’interroge : il sait que quoiqu’il arrive, Israël ne pourra se contenter éternellement de son armée pour résoudre le conflit ou ruser avec le régime ougandais d’Idi Amin Dada (qui cherche à tirer profit de l’événement, histoire de bien se faire voir sur la scène internationale) et qu’il faudra passer, un moment ou un autre à la table de négociations. La décision qu’il prendra aura quoiqu’il en soit, une conséquence non négligeable sur le destin de son pays mais aussi sur sa carrière politique.
Avec un bon rythme, Otages à Entebbe est un film qui expose les faits tout en ne cherchant pas à prendre fondamentalement parti. Un pari risqué mais essentiel pour mieux comprendre comment un simple détournement d’avion a constitué un tournant dans l’histoire d’Israël mais également de certains de ses concitoyens, notamment un certain Benyamin Netanyahou.
Pour en savoir plus, rendez-vous dans une salle obscure ! 😉
Otages à Entebbe (Entebbe)
Un film de : José Padilha
Pays : Royaume-Uni/Etats-Unis
Avec : Daniel Brühl, Rosamund Pike, Eddie Marsan, Lior Ashkenazi, Denis Ménochet…
Genre : Biopic, Thriller
Durée : 1h47
Sortie : le 2 mai
Note : 16/20
Au ciné ce soir 