Guillermo del Toro. Un nom vénéré de la planète cinéphile et un univers que je ne connaissais pas vraiment même si j’avais vu l’un de ses précédents projets Pacific Rim, blockbuster sorti en juillet 2013. C’est dire que je n’avais pas fait immédiatement le lien avec le réalisateur mexicain surtout que sa nouvelle histoire est à mille lieux des films d’action.
Nous sommes au début des années 1960 et la Guerre froide bat son plein. A Baltimore, Elisa, une femme muette, est une modeste femme de ménage dans un laboratoire gouvernemental ultra secret. Elle est marginale, seule et n’a que pour amis, Zelda, sa collègue et Giles, son voisin. Alors qu’elle mène une existence pour le moins linéaire et sans perspectives, sa vie se met à basculer lorsqu’elle rencontre une créature enfermée au sein du laboratoire. Il s’agit d’un homme amphibien. Intriguée, Elisa se rapproche du spécimen et très vite, elle noue des liens au point de développer des sentiments.
La critique et les cinéphiles attendaient ce film de pied ferme tant il fut beaucoup cité. Résultat des courses, les avis sont unanimes et le nouveau long-métrage de Guillermo del Toro fait figure de grand favori pour les Oscars avec par moins de treize nominations. Une belle performance en soi qui démontre que ce film n’a pas laissé les gens de marbre.
Il faut dire que l’univers de ce film est assez particulier et met en avant la rencontre entre deux marginaux, dépassé par les évènements. Elisa est vue comme une femme simple, voire simplette, en raison de son handicap. Du fait de son absence de communication, on pense qu’elle est vulnérable et n’est pas en capacité à ressentir des choses. Sa rencontre avec cet être amphibien constituera un tournant majeur. Elle développe très rapidement des sentiments pour cette créature, maltraitée par l’armée américaine et qui suscite la convoitise des services secrets soviétiques. Elle aussi ressent la solitude, le fait de ne pas exister et encore moins considéré. Elisa et l’amphibien se comprennent et cet amour devient aussi fort qu’il dérange.
La forme de l’eau, c’est un peu l’hommage à la différence et aux marginaux. Outre Elisa et amphibien, le réalisateur mexicain s’attaque également à la personnalité de Zelda et de Giles. Tous deux sont également solitaires et sont marginalisés du fait de leur différence. Zelda, malheureuse en ménage, est noire et son chef le colonel Strickland (incarné par un très bon Michael Shannon) ne lui manquera pas de lui rappeler. Giles est tout aussi différent en raison de sa « sensibilité », comprenez son homosexualité. Si cela n’est pas frontalement abordé dans le film, une scène suffit à mettre en lumière le rejet qu’il subit. Pour rappel, nous sommes dans l’Amérique du début des années 1960 et les valeurs traditionnelles restent encore très imprégnées dans la société, une façon assez subtile pour Guillermo del Toro d’apporter sa critique.
Avec 2h03 au compteur, La forme de l’eau ne laisse personne indifférent, même si au départ on peut se sentir dérouté par l’univers de del Toro. La réussite du film tient sans doute dans l’interprétation sans faille de Sally Hawkins qui incarne une Elisa touchante et remarquable.
Du beau cinéma en clair !
La forme de l’eau (The Shape of water)
Un film de : Guillermo del Toro
Pays : Mexique/Etats-Unis
Avec : Sally Hawkins, Michael Shannon, Richard Jenkins, Octavia Spencer, Michael Stuhlbarg, Doug Jones…
Genre : Romance, Drame, Fantastique
Durée : 2h03
Sortie : le 21 février
Note : 16/20
Film splendide.
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