L’envers du pouvoir. Un sujet maintes fois évoqué au cinéma mais toujours passionnant à découvrir, surtout lorsque le regard extérieur vient d’ailleurs.
Direction l’Amérique du Sud et au Chili plus précisément. Hernan Blanco, président de la République d’Argentine participe à un sommet rassemblant ses homologues de la région. Il est question d’un projet d’union énergétique de grande ampleur afin d’assurer l’indépendance du sous-continent et donc la prospérité de son pays. Face à un Brésil résolument leader, Blanco tente de trouver un accord convenable. Mais alors que les négociations, qui se déroulent dans un hôtel niché au cœur de la Cordillère des Andes, vont bon train, Blanco est confronté à un problème : sa fille, Marina, est impliquée dans une affaire de corruption. Sentant le scandale arriver, le chef de l’Etat fait alors de son possible pour protéger sa famille mais aussi conserver son pouvoir.
Ambiance feutrée pour un thriller assez prenant. Il y a un peu comme une ambiance House of Cards mais également du Dupontel (je pense au film President qu’il a réalisé en 2006 et dont le synopsis est proche) dans le film de Santiago Mitre. Les messes basses, les petits arrangements et autres conciliabules sont légions mais aussi le « quotidien » d’Hernan Blanco. Blanco, c’est un peu le François Hollande argentin, un président normal, précédemment gouverneur d’une province. Ce trait est rallié par ses détracteurs qui considèrent qu’il ne fera pas le poids face au charismatique président brésilien ou encore celui du Mexique. Ce sommet est l’occasion pour lui qu’il est un homme indispensable, un habile négociateur et non un suiveur.
Cette opportunité est cependant mise à mal par cette affaire de corruption qui implique sa fille et son beau-fils. Blanco et ses conseillers savent que cette histoire peut avoir de graves conséquences pour la suite de la présidence et endommagerait durablement l’image que le nouveau chef de l’Etat argentin s’est donné, à savoir un homme progressiste, ouvert, libéral et au service de son peuple. Blanco se retrouve de fait, sur deux fronts et il convient de trouver la meilleure façon d’éteindre l’incendie et de réussir son baptême du feu international tout en ne reniant pas ses valeurs et sa probité. Mais peut-on réellement être propre sur soi lorsqu’on fait de la politique à un tel niveau ? Autrement dit, peut-on sauvegarder ses intérêts sans faire de sacrifices ou se montrer cynique ?
Poser la question c’est, d’une certaine manière, d’y répondre, ce qui constitue le fil rouge du film. Si El Presidente ne verse pas dans le monde des Bisounours, ce n’est pas pour autant un brulot antipolitique sur fond de « tous pourris ». Santiago Mitre s’intéresse au contraire aux choix d’un homme qui veut rester à la barre et qui ne reculera devant rien pour s’y maintenir, ce qui suppose de pactiser avec le Diable. Une façon de dire qu’en politique, on ne fait pas dans la dentelle et encore moins dans le sentiment, surtout si on veut durer.
Malgré un rythme assez lent, El Presidente conserve une dramaturgie assez nette, ce qui colle au cinéma argentin, un cinéma, selon moi, mystérieux et brut, à l’image du dénouement du film.
El Presidente (La Cordillera)
Un film de : Santiago Mitre
Avec : Ricardo Darín, Dolores Fonzi, Erica Rivas, Elena Anaya, Daniel Giménez Cacho…
Genre : Drame
Durée : 1h54
Sortie : le 3 janvier
Note : 13/20
Vu à Cannes en mai dernier j’avais bien aimé malgré effectivement la lenteur de l’action mais l’ambiance des coulisses du pouvoir et des intrigues est bien ressentie et on se laisse rapidement embarquer dans l’histoire
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