Comment nait un homme d’Etat au moment le plus critique pour son pays ? Sa décision scellera pour un temps son destin personnel mais aussi de toute une Nation. Autant dire que le poids de la fonction est particulièrement lourd, pour ne pas dire insupportable.
C’est ce qui arrive précisément à Winston Churchill, en ce printemps 1940. Homme politique brillant, c’est l’un des piliers des Tories. Il est appelé à occuper la fonction de Premier ministre après la démission de Neville Chamberlain. Le contexte est à son paroxysme : les Nazis s’imposent sur le continent et rien ne semble enrayer leur ascension. Durant ce temps, les armées française et britannique sont encerclées par les Allemands à Dunkerque et leur sort semble scellé. C’est alors que le tout nouvel occupant de Downing Street doit faire un choix crucial : poursuivre vaille que vaille la lutte contre Hitler ou bien négocier un traité de paix avec le III° Reich ? Pressé par ses ministres et suivant les recommandations de son épouse, Churchill devra faire preuve de vigilance mais aussi de malice pour prendre une décision qui, à ne pas douter, changera le cours de l’Histoire mais aussi lui-même.
Ce n’est pas la première fois que le cinéma s’intéresse à Churchill. Tout récemment, en mai 2017, c’était Jonathan Teplitzky qui s’y était collé en se concentrant sur les préparatifs du débarquement de 1944. Changement d’ambiance avec Joe Wright : on revient au début de la Seconde Guerre mondiale. Le Reich est au sommet de sa puissance, les démocraties vacillent et Churchill n’est pas considéré comme l’homme de la situation. Certes, il est appelé par le Roi George VI à former le gouvernement mais les gens doutent de sa capacité à faire face. Jugé instable, frondeur, le style Churchill déplait et certains au sein de son cabinet ne souhaitent qu’une seule chose : en finir avec la guerre en optant pour une paix négociée. Si Churchill est un antinazi convaincu, il hésite néanmoins. Il sait que la réponse face à Hitler et à la barbarie qu’il représente ne peut être que ferme et sans ambiguïté mais il sait également que sa légitimité ne tient qu’à un fil. Tout au long du film, on découvre un Winston Churchill qui avance en terrain miné et qu’il a en face de lui, des ministres bien décidés à le mettre hors-jeu. Une double-course contre la montre s’engage alors : la survie de l’Angleterre et la survie politique de Churchill, les deux étant étroitement liés. C’est pourtant dans ces Heures sombres que le Premier ministre de 65 ans réussit à affronter puis surpasser ses doutes et s’avère être un Homme d’Etat capable de puiser la force nécessaire pour continuer le combat.
Les Heures sombres s’appuient sur la prestation remarquable et remarquée de Gary Oldman, un homme plutôt habitué aux rôles de bad guy plus ou moins antipathiques. Avec son rythme plutôt soutenu, Joe Wright se paie même le luxe d’insuffler une dose de tension, de suspense à son récit, bien que le dénouement soit connu. Kristin Scott Thomas et Lily James complètent une distribution agréable et convaincante, à l’image du film.
Pas mal pour bien commencer l’année !
Les Heures sombres (Darkest Hour)
Un film de : Joe Wright
Pays : Royaume-Uni
Avec : Gary Oldman, Kristin Scott Thomas, Ben Mendelsohn, Lily James, Ronald Pickup…
Genre : Biopic, Drame, Historique
Durée : 2h05
Sortie : le 3 janvier
Note : 16/20
Gary Oldman, royal.
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