Quand le cinéma a inspiré Goscinny et quand Goscinny a inspiré le cinéma. C’est en clair, le résumé qu’on l’on peut faire de l’exposition qui lui est dédié à la Cinémathèque française à Paris et que j’ai visité fin octobre dernier.
Pour beaucoup d’entre nous, René Goscinny, c’est le bédéiste de génie, papa d’Astérix, de Lucky Luke et scénariste du Petit Nicolas. Ce qu’on sait moins en revanche, ce sont les influences cinématographiques sur lesquelles il s’est appuyé pour réaliser ses œuvres. C’est tout le pari de la Cinémathèque qui, à travers des films mythiques, revient sur cette relation profonde entre le cinéma et la bande dessinée.
René Goscinny est en effet un homme qui a beaucoup baigné dans le cinéma américain des années 1940 et 50 dont les héros et vedettes s’appelaient Charleston Heston, Elisabeth Taylor ou encore John Wayne. Les westerns et autres films de cow-boys ont fortement influencé le bédéiste dans ses œuvres littéraires qui sont autant d’hommages aux stars de son enfance. Ainsi, Lucky Luke par exemple qui rend hommage de manière humoristique et décalée aux grands classiques hollywoodiens. La plupart des albums, réalisés en collaboration avec le dessinateur belge Maurice de Bevere alias Morris, s’inspire de films mythiques tels que Massacre de Fort Apache ou encore La Chevauchée fantastique avec John Ford.
Cette passion pour le cinéma ne s’arrête pas là au point que Goscinny tentera avec succès l’aventure du grand écran, non pas en tant qu’acteur (même s’il a prêté sa voix à quelques personnages) mais en tant que producteur et réalisateur. Tout d’abord au sein du studio belge Belvision puis dans sa propre maison, il réalise tout long des années 1960 et 1970 une dizaine d’adaptation de ses BD. Je pense tout naturellement à Astérix le Gaulois (sorti en 1967) mais également à Astérix et Cléopatre. Lors de l’exposition, j’ai été surpris de voir l’influence de la version hollywoodienne de 1963 sur la version animée. Au point que la Cléopatre de Goscinny ressemble furieusement à la mythique Elisabeth Taylor !
Fort de ce succès, Goscinny mettra également Lucky Luke et les Dalton à l’honneur dans plusieurs productions rendant – là aussi – hommage aux productions des années 1960 telles que Chantons sous la pluie par exemple. Goscinny se voit comme le Walt Disney français et se donne les moyens de ses ambitions, ce que l’exposition met plutôt bien avant. Néanmoins, la mort brutale du bédéiste, le 4 octobre 1977, mettra un terme à son rêve.
Mais Goscinny, en raison de son talent et de son aura, a durablement imprimé sa marque sur le cinéma hexagonal qu’il soit d’animation ou traditionnel. Nombre de cinéastes se sont inspirés de ses œuvres après sa mort pour lui rendre hommage mais aussi proposer des projets décalés, innovants pour des résultats le plus souvent inégaux. Si certains se sont cassés les dents, d’autres ont formidablement tirés leur épingle du jeu. Je pense surtout à Alain Chabat qui s’est inspiré de la BD de Goscinny pour réaliser Astérix : Mission Cléopatre, sans doute le meilleur des adaptations. Et niveau animation, je n’oublie pas le projet d’Alexandre Astier qui, en 2014, a réalisé Le Domaine des Dieux et qui réussi à conserver l’œuvre tout en y ajoutant plusieurs références cinématographiques, dans un esprit très « Kaamelott » 😉
Exposition à la fois instructive et ludique, j’en aurai appris davantage sur un des auteurs les plus connus de notre Histoire, toutes générations confondues. Pour les cinéphiles, les bédéphiles ou tout simplement pour les curieux, rendez-vous à la Cinémathèque. Goscinny vous y attend (jusqu’au 4 mars ! 😉 ) Et pour voir mon album photo, c’est par ici
Exposition Goscinny et le cinéma (jusqu’au 4 mars)
Cinémathèque française
51, rue de Bercy
75 012 Paris
Métro : Bercy (lignes 6 et 14)
Au ciné ce soir 