Après avoir enchaîné les blockbusters et productions attendues, retour à mes expériences venues d’ailleurs, genre les films qui débarqueront sur Arte à l’occasion d’une soirée thématique sur l’Europe de l’Est ou l’Amérique latine. Je suis un peu taquin mais ces genres de film sont identifiés ainsi et souvent caricaturés.
Pourtant, on en découvre des long-métrages alternatifs et au travers d’eux, une société, un pays. Prenez le cas de l’ancienne Tchécoslovaquie. Nous sommes en 1983. Maria Drazdechova est enseignante dans un collège de Bratislava, la seconde ville du pays. Professeure principale, elle est une membre de premier plan du Parti communiste au niveau local. Elle a, à sa charge, une vingtaine d’enfants issus de milieux sociaux très divers. Profitant de sa position, Maria n’hésite pas à manipuler élèves et parents pour satisfaire ses intérêts mais aussi prouver que tout individu est prédisposé à être corrumpu. Jusqu’au jour où une plainte est déposée auprès de la directrice. Les parents d’élèves sont dès lors convoqués et débattent de la suite à donner ou non à la procédure.
Si le régime communiste avait (selon ses promoteurs) pour dessein d’assurer l’égalité entre tous, il n’en demeure pas moins que dans la réalité, les choses étaient bien différentes. Pour certains, avoir ses entrées dans le Parti était un moyen d’acquérir des privilèges mais aussi d’user de son pouvoir notamment sur certains au sein de la population. Maria l’a bien compris, elle qui s’intéresse de très près à la profession des parents de ses élèves. En fonction du métier qu’ils occupent, elle tiendra un discours ou adoptera un comportement différent. Une corruption s’installe et gare aux parents qui refusent de coopérer. Maria n’hésite pas à se montrer sadique et saque leurs enfants en leur infligeant des notes volontairement basses, histoire de mieux les humilier.
Aussi, lorsqu’une plainte est déposée, le sujet devient hautement sensible et divise la communauté des parents. Car s’attaquer à Maria, c’est s’attaquer au régime communiste. Nous sommes dans les années 1980 et même si la grosse majorité des Tchécoslovaques rejette le régime, difficile de s’y opposer frontalement, du moins sans conséquence. Là encore, ce sont les familles modestes qui risquent de payer la note et non ceux dont le père occupe une position intéressante et qui s’accommode bien du régime. Dès lors, une question cruciale se pose : faut-il se taire au risque de sacrifier l’avenir de leur progéniture ou bien dénoncer les pratiques de l’enseignante au risque de représailles ?
C’est une sorte de résistance philosophique et politique que Leçon de classes nous propose, avec un dénouement finalement pas si surprenant que cela pour celles et ceux qui connaissent l’histoire de l’Europe centrale et orientale, même un peu. L’occasion de découvrir le cinéma slovaque et au-delà, un cinéma assez politique, frais et percutant.
Leçon de classes (Učitelka)
Un film de : Jan Hřebejk
Pays : Slovaquie
Avec : Zuzana Mauréry, Csongor Kassai, Peter Bebjak, Martin Havelka, Ondřej Malý…
Genre : Comédie Dramatique
Durée : 1h42
Sortie : le 25 octobre
Note : 14/20