Je vais vous faire une confidence. J’ai fait du théâtre. C’était il y a dix ans durant mes études à Sciences Po. Sous la direction d’Agathe (je t’embrasse au passage), je jouais dans la pièce Knock ou le triomphe de la médecine de Jules Romains, un auteur caractéristique des Années Folles. Je tenais le rôle-titre, ce fameux docteur, ayant appris sur le tard et volontiers filou, davantage préoccupé à faire des affaires de prodiguer ses soins et ses conseils. Après tout, n’est-il pas resté fidèle à sa devise : « Un bien portant est un malade qui s’ignore » ?
Alors lorsque j’ai appris au courant de l’année 2016 que la pièce de Jules Romains allait, une nouvelle fois, être adaptée au cinéma, je n’attendais qu’une chose : qu’il sorte enfin en salles. Pour cette version 2017, c’est Omar Sy qui reprend les traits et les attitudes de ce personnage mythique. Nous sommes au milieu des années 1950. Knock est un filou repenti, qui suite à une énième magouille est contraint de quitter Marseille pour les tropiques. A bord, il se fait engager comme auxiliaire de santé. Novice, il apprend cependant très vite, les rouages de la médecine comme des affaires. Cinq ans après, il revient en France et s’installe dans la commune de Saint-Maurice dans la Drôme. Il est bien décidé à appliquer aux habitants sa devise qui l’a rendu riche. Expert dans la manipulation, il détecte à chacun une maladie réelle comme imaginaire. Tout semble aller pour le mieux à deux détails près : Knock va croiser l’amour et être rattrapé par son passé.
Vous l’aurez compris le Knock de 2017 est bien différent de la pièce de 1925 même si l’esprit demeure (quand même), comme en témoignent certaines répliques cultes de la pièce. Si le ressort comique n’est pas loin, et que la trame de l’histoire se situe à l’après-guerre, force est de constater que le film de Lorraine Levy s’attarde sur des thématiques en réalité, bien actuelles. Knock est un homme élégant, roublard, sur de lui et séduisant, suscitant aussi bien l’admiration de certains (en réalité de certaines) que la suspicion chez d’autres. En réalité, Knock, c’est le gars de nul part qui débarque dans un environnement qu’il ne connaît pas. La réciproque est cruellement vraie comme le montre la réaction de Madame Parpalaid (femme du Docteur à qui il reprend l’affaire) à l’arrivée de Knock, étonnée que ce dernier soit… noir. La présence de ce dernier l’empêchera d’aller jusqu’au fond de ses pensées mais en dit long sur les préjugés qu’il devra abattre pour se faire accepter. Aussi, les suspicions, portées en grande partie par le curé du village (incarné par Alex Lutz) ne manqueront pas de peser sur notre héros aussi bien sur sa capacité réelle ou supposée de soigner que sur ses intentions véritables envers Adèle, jeune femme du village dont il tombe progressivement amoureux.
Aussi, Knock version 2017, s’il reste fidèle à l’œuvre, s’en affranchit pour évoquer des sujets contemporains comme le racisme et les préjugés. Knock, c’est ce médecin d’aujourd’hui né à l’étranger ou à la peau basanée qui débarque dans un village rempli de Blancs et le choix d’Omar Sy pour incarner le rôle-titre n’est du au hasard à mon sens. Malgré quelques longueurs, le film remplit ses objectifs et on passe un agréable moment.
Bref, il fait du bien ! 😉
Knock
Un film de : Lorraine Levy
Pays : France
Avec : Omar Sy, Alex Lutz, Ana Girardot, Sabine Azéma, Pascal Elbé, Audrey Dana, Michel Vuillermoz…
Genre : Comédie
Durée : 1h54
Sortie : le 18 octobre
Note : 14/20