Blade Runner 2049 : l’expérience Villeneuve

597734Les Canadiens – et les Québécois en particulier – peuvent être fiers d’un des leurs, Denis Villeneuve. Le réalisateur, originaire de Bécancour (non loin de Trois-Rivières) s’impose comme le maitre de la SF après avoir maitrisé l’art du thriller. En clair, un cinéaste de talent qui ne rate jamais ce qu’il entreprend et qui a surtout du culot.

Car du culot, il en fallait pour réaliser la suite d’un film considéré comme un monument du cinéma. Donner une suite au Blade Runner de Ridley Scott, trente-cinq ans après sa sortie, en restant dans l’esprit mais tout en imposant sa marque. Un exercice pour le moins ambitieux et pour lequel, le réalisateur québécois s’y est préparé durant deux ans.

Blade Runner 2049 fut en tout cas très attendu par les fans du film et de la SF. Comme son nom l’indique, le second opus s’installe trente ans après les évènements du premier. Nous sommes toujours dans une Los Angeles post-apocalyptique et les relations entre les humains et leurs esclaves créés par biogénérie se tendent. Si une nouvelle génération de réplicants, plus dociles, a vu le jour, les anciens modèles, les Nexus 8, demeurent et sont traqués par les Blade Runners afin d’être retirés. L’agent K est l’un entre eux. Sa mission consiste à faire respecter la loi et d’éliminer ceux qui se soustraient aux ordres des humains. Une enquête, somme toute classique, qui le mène cependant vers une personne disparue depuis plusieurs décennies, un certain Rick Deckard.

BLADE RUNNER 2049

Je ne suis pas un fan inconditionnel de SF et pour y aller, il faut vraiment que je trouve un intérêt d’ordre philosophique, esthétique ou encre technique. Il faut dire qu’avec Denis Villeneuve, j’ai au moins la chance d’avoir une de ces trois exigences. Par chance et pour ma plus grande satisfaction, je les retrouve toutes dans ce film. On retrouve en effet, l’esprit du premier opus aussi dans la bande son que dans le montage et le décor. En 2049, l’état du monde s’est encore plus dégradé et une sorte de totalitarisme s’est installé. Les humains poussent leur domination à l’extrême et font de leurs replicants, des objets soumis. Ceux qui prononcent la moindre once de résistance courent purement et simplement à leur propre perte. Une vision clairement pessimiste que nous livre Denis Villeneuve, qui fait écho à l’analyse de Ridley Scott mais qui en dit long sur l’espèce humaine.

BLADE RUNNER 2049

Denis Villeneuve, comme dans Premier contact (et dans un autre registre, Prisoners), s’interroge avec justesse sur l’être humain et ses dérives mais également ses contradictions. Sa soif de pouvoir peut l’élever comme être carrément destructrice, surtout lorsqu’elle crée de nouveaux groupes pour conforter sa position, ce que Blade Runner 2049 met assez bien en avant. L’agent K, interprété par un très bon Ryan Gosling, résume clairement cette situation : c’est un policier docile, froid, mécanique, qui n’est là pour faire appliquer les ordres et dont on ne demande surtout pas d’esprit critique. Pourtant, c’est bien cet esprit critique que nous avons tous (ou du moins, sommes censés avoir) qui nous permet de réviser notre jugement sur le monde qui nous entoure et de nous montrer mesurés. Il suffira que K commence à émettre des doutes, à se référer à son passé tourmenté mais aussi à s’intéresser de près à Rick Deckard, pour voir ses certitudes s’envoler.

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Blade Runner 2049 est clairement le film de Denis Villeneuve, dans la mesure où il n’a pas cherché à faire un remake du précédent. Néanmoins, il n’a pas cherché à couper les ponts avec 2019, pas seulement parce que Ridley Scott est le producteur exécutif, mais parce qu’il y a une suite logique tout simplement. A ce jeu, Harrison Ford constitue une pièce maitresse et l’évolution de son personnage marque clairement le changement d’époque qui s’est opéré entre les deux films. Malgré quelques longueurs qui m’ont valu des micro-siestes (un meilleur rythme aurait été, à mon sens, suffisant), Blade Runner 2049 reste une expérience cinéma majeure, à faire seul ou à plusieurs, histoire de digérer les 2h43 de l’histoire (tout de même !)

Blade Runner 2049

Un film de : Denis Villeneuve

Pays : Canada/Etats-Unis

Avec : Ryan Gosling, Harrison Ford, Jared Leto, Ana de Armas, Sylvia Hoeks…

Genre : Science fiction, Thriller

Durée : 2h43

Sortie : le 4 octobre

Note : 15/20

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