120 battements par minute : il était une fois Act Up

DIQ5H-ZWsAckeKMLorsque l’épidémie de SIDA battait son plein dans les années 1990, on était abreuvé par les campagnes de prévention. Du haut de mes sept – huit ans, cette maladie me faisait peur, tant elle était présentée comme le nouveau fléau des temps modernes. Mais ce qui m’avait le plus impressionné ce n’était pas les images des malades du SIDA ou encore les shows médiatiques de l’époque tels le Sidaction. C’était plutôt le happening des militants d’Act Up. Une image me vient particulièrement à l’esprit, c’est lorsque l’un d’entre eux interpelle violemment une ministre. C’était en 1995, il me semble.

Cette « ambiance », Robin Campillo la décrit avec force dans 120 battements par minute, son nouvel opus. Nous sommes en 1991/1992. Act Up Paris est une association qui existe depuis 1989 et qui se bat pour alerter les pouvoirs publics face à l’épidémie de SIDA qui fait rage depuis une dizaine d’années. Mobilisation, manifestations, sit-in… tout est bon pour avertir l’opinion. Parmi les membres actifs d’Act Up, on retrouve Sean. Militant de la première heure, il est séropositif. C’est l’un des piliers du groupe. Nouveau venu, Nathan, un homme d’une vingtaine d’années, est rapidement impressionné par l’activisme mais également la radicalité de Sean.

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120 battements par minute, c’est avant tout l’histoire d’Act Up et de ses militants qui n’ont pas lésiné sur les moyens afin d’alerter l’opinion publique et surtout faire pression sur le gouvernement pour que des solutions concrètes soient apportées aux malades du SIDA. Les actions sont radicales, souvent discutables mais concrètement assumées. Pour les membres de l’association, c’est une course contre la montre et ils savent que frapper du poing sur la table est le meilleur moyen de se faire entendre.

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C’est dans ce contexte que le spectateur fait la connaissance de Sean, interprété par l’acteur argentin Nahuel Perez Biscayart. Personne charismatique, il est pour des actions coup de poing. Faire partie d’Act Up lui permet tout simplement de vivre et de combattre la maladie. D’ailleurs, au fur et à mesure que le SIDA évolue, Sean s’impliquera de façon plus ou moins forte au sein d’Act Up. Face à lui, Nathan, un jeune homme timide mais qui tombe rapidement sous le charme de Sean, au point que ce dernier change sa vie.

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A lire cette critique, vous pourriez penser que 120 battements par minute donne une belle image d’Epinal d’Act Up. Le génie de Robin Campillo – lui-même militant de l’association – a été ne pas tomber dans la caricature et le cliché « tout le monde, il est beau, tout le monde, il est gentil ». Le film montre de manière évidente, les débats, les discussions et même les affrontements, au sens propre comme figuré, ainsi que les ambitions de certains au sein d’Act Up. On est loin d’être d’accord sur tout et l’idéal libertaire est confronté à une réalité moins reluisante.

Toujours est-il que 120 battements par minute détonne par son rythme et son intensité, méritant largement le Grand Prix du Jury décerné par Pedro Almodovar lors du dernier Festival de Cannes, en dépit d’un dénouement que j’ai trouvé curieux, pour ne pas dire choquant. Robin Campillo ne fait pas dans la dentelle – les scènes de sexe et autres répliques crues sont là pour le rappeler – et c’est tant mieux !

120 battements par minute

Un film de : Robin Campillo

Pays : France

Avec : Nahuel Perez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel, Antoine Reinartz, Felix Maritaud…

Genre : Drame

Durée : 2h22

Sortie : le 23 aout

Note : 16/20

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