Philippe Falardeau aime les arènes et n’hésite pas à en changer. Après l’excellent Guibord s’en va-t-en guerre où il décrivait les dessous de la politique à travers le choix cornélien d’un député indépendant, le réalisateur québécois chausse les gants pour raconter l’histoire de Chuck Wepner.
Son nom ne vous dit peut-être pas grand-chose et je ne suis pas sur que les amateurs de boxe (du moins les plus jeunes) en savent davantage. Mais d’une certaine manière, cet homme aura marqué les esprits. Dans les années 1970, c’est un boxeur plutôt moyen même s’il se débrouille pas mal et qui profite d’une relative notoriété dans sa ville de Bayonne, dans le New Jersey. Celle-ci explose lorsqu’il est invité à affronter la légende Clasius Clay alias Mohammed Ali sur le ring. On ne lui pas tellement cher de sa peau face au colosse mais contre toute attente, Wepner résiste avant d’être battu par KO technique lors du 12ème round. Son courage inspirera un jeune acteur qui écrit son premier long : Rocky.
Oui, vous avez bien lu : Chuck Wepner est à l’origine de Rocky, ce film culte qui fera connaître au grand écran un certain Sylvester Stallone. Fort de cette nouvelle notoriété, Wepner en profitera quitte à plonger dans les excès et le triptyque : alcool, drogue et filles de joie, sans en mesurer les conséquences sur sa vie familiale. Il faut dire que Wepner, surnommé Champ pour Champion a une carrière en dents de scie. Des victoires certes, mais rien d’éclatant non plus ! Du potentiel oui, mais c’est loin d’être un crack, un Marcel Cerdan ou encore un George Foreman de son temps. En réalité, Wepner est plutôt du genre à se la raconter, dire qu’il est un grand de la boxe tout en oubliant de se montrer modeste. Son combat perdu contre Mohammed Ali est synonyme de victoire, tel David ayant tenu tête à Goliath. Toutefois, son manque de recul et surtout d’humilité lui jouera des tours, lorsque le destin ou son entourage ne se chargeront pas de lui rappeler qu’il est vraiment : un looser magnifique.
Philippe Falardeau dresse le portrait assez touchant d’un petit gars du New Jersey, qui au fond aurait aimé devenir une légende de la boxe mais qui au fond a été victime de son tempérament et d’un manque de lucidité. Côté distribution, j’ai été marqué par la transformation physique de Liev Schreiber, totalement méconnaissable. A tel point qu’à certains instantes, il me faisait penser à… Mickael Youn ! Je vous rassure, je n’avais pas fumé de substance illicite avant d’aller voir le film mais des fois, la ressemblance est assez frappante, pour ne pas dire déroutante ! 😉
Outsider
Un film de : Philippe Falardeau
Pays : Canada
Avec : Liev Schreiber, Naomi Watts, Ron Perlman, Elisabeth Moss, Jim Gaffigan…
Genre : Biopic, drame
Durée : 1h38
Sortie : le 10 mai
Note : 14/20