Quelle est la place du cinéma dans la campagne présidentielle ? En cette dernière semaine électorale – et avant que nous soyons appelés aux urnes – il me semblait pertinent de jeter un coup d’œil dans le programme des onze candidats à la succession de François Hollande en mai prochain. Si la culture fait partie des thèmes incontournables pour tout prétendant à l’Elysée qui se respecte, il semble étrange que celle-ci occupe une place plus que discrète dans le projet de chacun des prétendants à l’Elysée et le cinéma proprement dit doit se contenter de quelques mentions, pas plus, lorsqu’elles existent.
Ainsi, si François Fillon, candidat « Les Républicains » propose un crédit d’impôt pour encourager le tournage de films étrangers en France durant une durée expérimentale de trois ans, Emmanuel Macron, candidat « En Marche », souhaite « adapter le soutien au cinéma et à l’audiovisuel aux nouveaux formats », essentiellement numériques. De son côté, Jean-Luc Mélenchon, de la France Insoumise, s’engage à « renforcer les aides à la présence des salles indépendantes de concerts et de cinéma » en soutenant l’Association Française des Cinémas d’Art et d’Essai (AFCAE). Nicolas Dupont-Aignan, de Debout la France, promet la création d’un grand ministère de la Culture englobant le cinéma et se battra pour le maintien des salles indépendantes en milieu rural à travers un plan dédié. Même François Asselineau, porte-étendard de l’Union Populaire Républicaine y va de sa musique en voulant se montrer garant de la « création artistique française pour les films et les chansons », là où Nathalie Arthaud, la candidate de Lutte Ouvrière, voit dans le cinéma en plein air, une condition d’accès à la culture pour les classes populaires. Enfin, Jean Lasalle et Benoit Hamon, le candidat du Parti socialiste et d’Europe-Ecologie-Les Verts (qui propose la création d’un statut de l’artiste pour les intermittents) réaffirment leur attachement à l’exception culturelle tout comme Marine Le Pen, la présidente du Front national, même si pour le reste, elle demeure plutôt discrète !
Les professionnels du cinéma n’ont pas attendu les propositions des prétendants à l’Elysée pour faire part de leurs remarques et le plus souvent de leurs réserves. Dans un communiqué publié le 7 avril dernier, le Bureau de Liaison des Organisations du Cinéma (BLOC) qui représente le cinéma indépendant, s’inquiète quant à l’absence manifeste de la culture dans le débat présidentiel. En juillet 2013, Michel Hazanavicius, Président de la Société Civile des Auteurs-Réalisateurs-Producteurs (SCRAP), interpellait, dans une lettre ouverte, François Hollande quant aux coupes budgétaires, prévues à l’époque par le gouvernement Ayrault, allouées au Centre National de la Cinématographie et de l’Image Animée.
Alors que nous apprêtons à aller voter ce dimanche, il est en effet dommage que les onze prétendants à l’Elysée brillent par leur manque d’audace pour une industrie qui aurait quand même bien besoin d’un coup de pouce, malgré une bonne fréquentation des salles. En 2016, 213 millions de tickets de cinéma ont été vendus sur l’ensemble de l’Hexagone, soit une hausse de 3,6% comparé à 2015. Gageons que le prochain président et le futur gouvernement sauront prendre des mesures innovantes et ambitieuses, ce qui reste un vœu pieu dans un contexte de redressement des comptes budgétaires.
Et pour vous cinéphiles qui êtes avant tout (ou aussi, c’est selon ^^) un électeur, si vous ne savez toujours pas pour qui voter et/ou que les programmes ne vous inspirent pas, voilà de quoi vous aider… ou pas ! 😉
Au ciné ce soir 