1’54 : entre intimidation et résistance

495141Les films québécois dégagent quelque chose de fort et lorsqu’ils sortent en France, c’est toujours un événement pour moi, encore plus lorsqu’on réunit deux étoiles montantes que sont Antoine-Olivier Pilon, l’acteur fétiche de Xavier Dolan, et la toute mimi ainsi que talentueuse Sophie Nélisse, seulement 17 ans et très à l’aise aussi bien dans la langue de Shakespeare que de Molière.

Alors lorsque j’ai découvert la bande-annonce d’1’54 l’été dernier, je n’attendais qu’une chose : aller le voir, d’autant que son histoire est quelque peu troublante. Le film de Yan England se concentre sur la vie de Tim, un ado sans histoires, en 5ème secondaire (l’équivalent de notre Première) dans un Cégep (Lycée) de Longueuil, une ville située sur la rive sud du Saint-Laurent, face à Montréal. Plutôt bosseur, il était promis à une grande carrière d’athlétisme qu’il a interrompu suite au décès de sa mère. Mais son caractère et son côté solitaire font qu’il est le souffre-douleur des garçons de son lycée et qu’il est victime d’intimidation. Avec Francis, son meilleur ami, lui aussi victime d’intimidation, il tente de faire face. Un événement dramatique fera voler en éclat cet équilibre précaire. Pour s’en sortir mais également régler ses comptes, il décidera d’arpenter les pistes à nouveau. Objectif, réaliser le 800 mètres en 1’54, temps qualificatif pour le championnat national, ce qui n’est du goût de Jeff, son bourreau, qui est bien décidé à écarter ce rival inattendu.

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Celles et ceux qui ont vu Mommy en 2014, seront ravis de retrouver à l’écran Antoine-Olivier Pilon qui incarne Tim, cet adolescent tourmenté par ses camarades depuis plusieurs années et qui ne sait comment sortir de cette spirale infernale. Plutôt bon élève et agréable, il ne cesse de subir les railleries de ses camarades qui considèrent, malgré tout, qu’il s’agit d’un simple jeu bête et méchant. C’est pourtant d’un rien que commence l’intimidation, par des moqueries, des blagues potaches en public ou dans les vestiaires. Pour le jeune garçon, cette situation sera de moins en moins supportable d’autant plus qu’il cache un lourd secret : son homosexualité. L’athlétisme et l’objectif d’atteindre la 1’54 serviront d’échappatoire mais également de défi pour l’adolescent, une manière de se révolter contre ceux qui s’en prennent à lui mais également à Francis, son meilleur ami, en réalité bien plus qu’un ami. L’interprétation d’Antoine-Olivier Pilon est juste remarquable, au point qu’elle vous prend aux tripes, ce qui donne une tension certaine au film qui ne cesse d’aller crescendo jusqu’au dénouement à la fois, inattendu que bouleversant.

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Yan England, le réalisateur, évoque sans tabou et avec force l’intimidation, qu’on appelle chez nous le harcèlement scolaire, un phénomène grave aux conséquences souvent dévastatrices. L’ambiance du film laisse à penser que l’histoire ne peut se dérouler que dans un contexte anxiogène, ce qui peut mettre mal à l’aise le spectateur. Pour autant, c’est indispensable afin qu’une prise de conscience se crée. On aimerait pouvoir aider Tim et le sortir de sa détresse mais on se sent impuissant, tout comme Jennifer, incarnée par Sophie Nélisse, qui ne sait pas comment aider son ami. Résultat, on sort hébété de la salle et un grand silence s’installe, à l’instar du générique de fin.

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Comme pour mieux réfléchir.

1’54

Un film de : Yan England

Pays : Canada

Avec : Antoine-Olivier Pilon, Sophie Nélisse, Lou-Pascal Tremblay, David Boutin, Patrice Godin, Irdens Exantus

Genre : Drame

Durée : 1h46

Sortie : le 15 mars

Note : 17/20

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