Je ne comprends pas Pablo Larrin. D’habitude, il fait des films d’auteurs très intéressants, forts, pour ne pas dire remarquables. Pour preuve, No ou encore El Club, sortis respectivement en 2013 et 2015, donnent un portrait sans concession et caustique du Chili à deux époques différentes.
Et là, il y a Jackie. Son premier film « américain » avec une Natalie Portman qui campe l’épouse de John Fitzgerald Kennedy. Nous sommes fin novembre 1963. Le président des Etats-Unis est mort, une semaine plus tôt, à Dallas d’une balle dans la tête. Confrontée à la violence du choc, Jackie doit se reconstruire et trouver un sens à sa vie. Son entretien avec un journaliste lui donne l’occasion de se livrer et de faire face à son deuil.
Premier biopic consacré à Jacqueline Lee Bouvier, une des plus jeunes First Lady de l’histoire des Etats-Unis, et avec une Natalie Portman aux commandes, on pouvait s’attendre à quelque chose de fort, poignant, made in USA quoi ! Mais c’est plutôt l’ennui qui se dégage et domine le film. La faute à un rythme lent, des flashbacks qui se présentent mal et une actrice principale qui peine à nous émouvoir, encore moins à nous convaincre. Quand on connaît l’histoire de Jackie et surtout de son couple, difficile de la croire en veuve totalement dévastée, qui pleure la mort de son cher et tendre, le seul qu’elle ait aimée, qui songe au suicide et qui est à deux doigts de la folie. Cela aurait être assez crédible mais là, on ressent une certaine incohérence, comme si quelque chose n’allait pas.
Le réalisateur chilien a sans doute voulu nous présenter, le portait de sa Jackie, ou plutôt d’une femme qui perd son mari brutalement et qui se rend compte qu’elle devient plus rien. Plus première dame, plus désirée, plus admirée. Il y avait de l’idée mais on se rend compte que Pablo Larrin est passé à côté de son sujet, comblant avec des personnages secondaires qui n’ont jamais autant bien porté leur nom. Alors que, d’habitude, je n’ai aucune difficulté à remarquer la présence de Greta Grewig (remarquable ce dit en passant dans 20th Century Women qui sortira le 1er mars prochain), celle qui est censée incarner la plus proche conseillère de Jackie passe tout simplement inaperçue au point où on se demande si son rôle était réellement primordial pour la compréhension de notre récit.
Résultat des courses : je ne sais pas si on n’est pas passé loin de l’accident industriel pour reprendre les propos de L’Express mais il est évident que Jackie brille par sa lourdeur et son manque de dynamisme. L’atmosphère est tellement pesante qu’on en aurait pitié pour la première dame et pour Natalie Portman. Incarner cette femme mythique était visiblement un pari bien trop audacieux, bien dommage parce qu’elle est plutôt mignonne sur l’affiche !
Jackie, la première dame (Jackie)
Un film de : Pablo Larrin
Pays : Etats-Unis
Avec : Natalie Portman, Peter Sarsgaard, Greta Gerwig, Billy Crudup, John Hurt…
Genre : biopic, drame
Durée : 1h40
Sortie : le 1er février
Note : 7/20