Moi, Daniel Blake : la colère d’un homme ordinaire

248495Ken Loach est un homme révolté et de gauche assumé. Il dépeint comme personne les contradictions et injustices de notre société et de son pays, le Royaume-Uni. Il n’est pas manichéen, ni dans la caricature, ce qui rend ses histoires touchantes et fortes.

Après le très bon Jimmy’s Hall sorti au début de l’été 2014 où il s’attaquait à l’Eglise catholique irlandaise, le réalisateur britannique s’intéresse à Daniel Blake. Charpentier de 62 ans, vivant à Newcastle, c’est un homme simple sans histoires. Sa vie bascule lorsqu’il subi une grave crise cardiaque qui le rend invalide. Mais suite à une évaluation, il est déclaré apte au travail et voit ses indemnités suspendues sur le champ. Malgré l’interdiction formelle de son médecin, il est contraint de s’inscrire au chômage pour s’assurer de quoi vivre. C’est lors d’un rendez-vous au Job Centre (le Pôle Emploi) qu’il tombe sur Katie, une jeune mère célibataire.

C’est un récit sans concession et cash que nous propose Ken Loach, celui d’un homme qui doit se battre pour faire valoir ses droits au risque d’y laisser la peau. Face à lui, il découvre un système froid, implacable où l’objectif est de faire du chiffre au mépris de l’humain. Et tant pis, si vous n’êtes pas familier des nouvelles technologies ou qu’on vous soupçonne d’être paresseux et vouloir profiter du système. Daniel va l’apprendre à ses dépens lui qui n’a pas de smartphone et encore moins d’ordinateur. Il découvre Internet pour la première fois et semble bien seul lorsqu’il est invité à remplir son dossier de demandeur d’emploi sans qu’on vienne véritablement l’aider.

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Mais Daniel ne lâche pas prise, c’est même un révolté. Certes, il n’en fait pas des tonnes et parfois il se comporte comme un bon soldat face au système mais c’est pour mieux le dénoncer et pointer son absurdité. Il n’est pas un profiteur des aides sociales et doit se battre pour défendre tout simplement ses droits. C’est un homme honnête, qui paie ses impôts et qui s’est toujours occupé des autres plus que de lui-même, ce qui fait de lui un héros ordinaire.

Moi, Daniel Blake frappe fort et si certains pourraient craindre un côté misérabiliste, rassurez-vous il n’en est rien. Très vite, on est saisi par le côté réaliste et dur de cette histoire qui donne la parole aux laissés pour compte de la prospérité britannique, ceux envers qui on se montre sans indulgence et surtout sans empathie. Une Grande-Bretagne qui souffre et qui peine à survivre comme le montre le personnage de Katie dont une scène particulièrement poignante résume toute sa détresse et sa difficulté pour sortir la tête de l’eau.

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L’histoire d’un homme broyé par un système impressionnant par son cynisme et sa dureté mais qui, tel David, tentera de lutter comme face à Goliath. Le combat semble inégal mais il en vaut la peine, ce qui rend Moi, Daniel Blake séduisant et justifie pleinement sa Palme d’Or en mai dernier.

Et on comprend mieux pourquoi une majorité de Britanniques a fini par rejeter l’Union européenne en juin dernier, si on veut se raccrocher à l’actualité récente et être un peu provocateur !

Moi, Daniel Blake (I, Daniel Blake)

Un film de : Ken Loach

Pays : Royaume-Uni

Avec : Dave Johns, Hayley Squires, Dylan McKiernan, Sharon Percy, Briana Shann…

Genre : drame

Durée : 1h40

Sortie : le 26 octobre

Note : 18/20

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