Jusqu’ou iriez-vous pour sauver celui ou celle que vous aimez ? Bon, la question est « bateau » et maintes évoquée au cinéma. Mais elle donne souvent des réponses intéressantes, donnant lieu à des situations folles et souvent désespérées.
Colonia en fait partie et ceux qui adorent le contexte historique en seront ravis. Lena est une hôtesse de l’air allemande qui fait escale à Santiago où son compagnon, Daniel, vit depuis quatre mois. Le photographe, de gauche, a épousé le combat des partisans de Salvador Allende dans un Chili au bord de la Guerre Civile. Mais le 11 septembre 1973, le président socialiste est renversé par l’armée et assassiné. Pinochet s’empare du pouvoir et fait la chasse aux opposants et partisans de l’ancien chef d’Etat. Daniel et Lena sont arrêtés. Le premier est emmené dans un camp dénommé « Colonia Dignidad » connu pour ses dérives sectaires. Libérée, Lena part immédiatement retrouver son compagnon et n’hésite pas à intégrer de son propre gré le camp pour le sortir de là.
Tiré d’une histoire vraie, Colonia fut un échec cuisant au Royaume-Uni où il est sorti principalement en VAD et dans quelques salles uniquement. Bien dommage car outre la bonne prestation d’Emma Waston et de Daniel Brühl, le film évoque une histoire à la fois effarante et surtout glaçante : celle de Colonia Dignidad, un lieu fondé et dirigé par Paul Schäfer, un prêtre laïc allemand, aux méthodes brutales. En serviteur zélé de Dieu – quand il ne se prend pas lui-même pour Dieu – il gère le camp de manière militaire. Hommes, femmes et enfants sont séparés et tous doivent être tournés vers le Seigneur, en exclusivité. Ceux qui vivent dans le camp sont peu à peu déshumanisés : on leur retire leur identité, leur dignité et gare à celui ou à celle qui ose contredire Schäfer.
C’est dans cette atmosphère totalitaire que Lena plonge pour retrouver Daniel, sans aucune garantie de sortir vivant de cet enfer. Pour survivre, il leur faudra une sacrée dose de caractère mais également de courage face à un homme tyrannique qui vomissait les plaisirs de la chair, voyait dans les femmes l’incarnation parfaite de Satan mais qui aimait beaucoup trop les enfants (si vous voyez ce que je veux dire malheureusement), sous l’œil complice de la dictature de Pinochet et même de l’Etat allemand qui ne s’est jamais posé des questions sur ce monsieur plus que bizarre.
En quarante ans d’existence, rare sont ceux qui ont pu échapper vivant de cette secte. A travers l’histoire de Lena et de Daniel, le film a voulu rendre hommage aux victimes d’un sadisme qui ne disait pas son nom mais qui était bien réel. Le film tient en haleine le spectateur du début à la fin, ce qui lui donne un intérêt tout particulier.
Colonia
Un film de : Florian Gallenberger
Pays : Allemagne
Avec : Emma Watson, Daniel Brühl, Michael Nyqvist, Richenda Carey, Vicky Krieps…
Genre : drame, historique, thriller
Durée : 1h50
Sortie : le 20 juillet
Note : 16/20