Ceux qui me lisent régulièrement savent que je ne suis pas tellement films d’horreur. Cela me met mal à l’aise, surtout s’il y a une succession de crimes gratuits et d’hémoglobine. Mais pour American Nightmare, j’ai fait une exception. Sans doute parce que l’histoire m’intéresse mais pas seulement.
Comme chaque année, les Etats-Unis organisent leur purge annuelle. Durant douze heures, il est autorisé à tout à chacun de tuer autrui sans être inquiété d’éventuelles poursuites. Une façon de purifier la société de ses instincts les plus primaires et faire de l’Amérique, une nation encore plus forte et prospère. Mais la purge a une saveur particulière, elle a lieu en pleine élection présidentielle. Charlene Roan, sénatrice et candidate indépendante, souhaite purement et simplement mettre fin à une méthode barbare et inefficace. Ce qui n’est pas du goût des Nouveaux Pères fondateurs et autres organisations soutenant la purge qui vont profiter de cette « grand-messe » pour stopper les intentions de Roan.
Après le succès critique des deux premiers opus (sortis en 2013 et 2014), The Purge (c’est son titre original) revient sur les écrans et traite d’un sujet récurrent : le rapport des hommes et plus particulièrement des Américains à la violence. Chaque année, cette tuerie organisée donne l’occasion pour ceux qui y participent d’assouvir leurs plus bas instincts et ressentir quelque chose qui s’apparenterait à un orgasme. L’envie de tuer, de voir du sang couler, d’être totalement sadique… l’état de nature par excellence si cher à Hobbes. Durant ses douze heures, la plèbe s’entretue sous l’œil amusé du lobby des armes et autres corporations intégristes qui profitent du spectacle pour faire encore plus d’affaires et régner en maitre (Lutte des classes power !). On vient même du monde entier pour participer à cette grande orgie de violence gratuite !
Cependant, la révolte nait contre cette méthode indigne, et c’est toute la nouveauté de ce troisième opus qui se veut plus politique et qui colle avec les débats qui déchirent l’Amérique depuis des années. Dans une société où instaurer un système de santé à minima vous fait limite passer pour un fasciste (Obama en sait quelque chose !), le droit de posséder une arme et donc de tuer demeure quelque chose de sacré sur lequel on ne transige pas, quitte à plonger davantage dans l’inégalité et la violence. La Purge, c’est une métaphore de l’Amérique où les plus forts survivent et les plus démunis n’ont que leurs yeux pour pleurer si tant est qu’ils peuvent encore le faire. C’est contre cet état de fait que Charlie Roan va se battre, elle qui avait du subir de manière horrible la Purge, une vingtaine d’années auparavant. Mais n’est-ce pas un combat déjà perdu ?
American Nightmare 3, derrière son scénario très improbable (quoique), évoque une réalité toute aussi cinglante : celle d’un pays culturellement et historiquement violent dans lequel limiter l’accès aux armes vous fait presque passer pour un ennemi de la liberté. Le film est sans concession sur cette Amérique là et qui croit dur comme fer qu’elle est investit d’une mission divine. Glaçant mais convaincant une fois encore même si la fin reste prévisible (contrairement au premier opus) !
American Nightmare 3 : Elections (The Purge : Elections)
Un film de : James DeMonaco
Pays : Etats-Unis
Avec : Frank Grillo, Elizabeth Mitchell, Mykelti Williamson, Joseph Julian Soria, Betty Gabriel…
Genre : thriller, épouvante-horreur…
Durée : 1h50
Sortie : le 20 juillet
Note : 14/20