Tchao Pantin. C’est le titre d’un film de Claude Berri qui a permis à son acteur principal, Coluche, de décrocher le César du meilleur acteur en 1984 mais aussi de casser son image. Grâce à ce film – que je vous conseille de voir tant il est poignant et impressionnant – le célèbre humoriste avait cassé son image, celui du guignol à salopette, candidat à la présidentielle de 1981, pour endosser un rôle plus mélancolique et franchement dramatique.
Depuis, on dit d’un humoriste ou un acteur comique qui fait son « tchao Pantin », quelqu’un qui passe du registre comique à un autre registre, plus grave, plus sérieux. C’est tendance ces temps-ci et tous les humoristes sont passés par là, de Gah Elmaleh à Jamel Debouzze en passant par Omar Sy.
Alors lorsque Kev Adams a signé le scénario d’Amis Publics, on sentait bien que l’acteur préféré des jeunes filles en fleurs tentait de casser son image d’ado (très) attardé (désolé pour ses fans, mais Aladin passe toujours pas !), pour un résultat assez inégal.
Amis publics raconte l’histoire de deux frères, Léo et Ben. Ben, le cadet est atteint d’un cancer en phase terminale, probablement provoqué par le nuage toxique qui s’est propagé lors de l’explosion d’usine pétrochimique il y a quinze ans. Afin de réaliser son rêve, Sam et ses meilleurs amis décident de réaliser un faux braquage d’une banque lyonnaise. Mais ces derniers se trompent d’adresse pour finalement braquer une vraie banque. Ne pouvant plus reculer, Sam et sa bande s’improvisent braqueurs au grand cœur. Vite nommés les « Robins des banques », ils s’engagent dans une cavale tout en défendant une noble cause, cause qui les rend extrêmement populaires par la suite.
Le cancer. Cette saloperie qui fait que vous donneriez tout pour qu’un de vos proches puisse vivre encore longtemps parmi vous. On le sent, Léo aime son frère par dessus tout et sait qu’il en a plus pour longtemps. Alors, il fait tout pour réaliser son rêve et faire que ces derniers moments soient les meilleurs de sa vie quitte à prendre des risques inconsidérés des fois. Sam s’improvise justicier-braqueur, lui considère que les victimes comme lui de l’explosion pétrochimique n’ont pas été écoutés, pire sacrifiés par des pouvoirs publics qui ont finalement fermé les yeux en laissant l’entreprise en question payer une amende plutôt que de reconnaître ses torts.
Sauf que joué par Kev Adams, on a un peu du mal à y croire. Malgré un bon sujet (on sent qu’il s’est quand même documenté un minimum et que si l’action du film se passe à Lyon, ce n’est pas le fruit du hasard, ceux qui vivent au sud de la Métropole en savent quelque chose), on a un peu du mal à être ému par l’humoriste qui, à travers ce film, cherche à démontrer qu’il n’est plus le gars de SODA mais qu’il grandit et veut incarner des personnages plus sérieux, raconter des histoires moins légères. Non pas qu’il ne soit pas crédible mais cela sonne (quand même) creux.
Un peu dommage quand on voit le genre de film à qui on a à faire et surtout le thème mis en avant. Même s’il y avait de l’idée, ce n’est pas ici que Kev Adams fera son tchao Pantin. Vous me direz je suis un peu sévère, mais bon ! Il aura au moins démontré qu’il ne cherche pas uniquement à faire des films pour ses fans ! Au passage, notez la bonne prestation de Paul Bartel qui incarne Ben, révélé dans Les Petits princes en 2014.
Amis publics
Un film de : Etienne Pluvieux
Pays : France
Avec : Kev Adams, Paul Bartel, Vincent Elbaz, John Eledjam, Majid Berthila, Guy Lecluyse, Chloé Coullaud…
Genre : comédie
Durée : 1h38
Sortie : le 17 février
Note : 11/20
Au ciné ce soir 