Une longue, profonde et sincère standing-ovation. C’est ce qu’Omar Sy et Roschdy Zem ont eu droit à la fin d’avant-première de Chocolat à l’UGC Ciné Cité de Saint Quentin en Yvelines, le 21 janvier dernier.
Standing ovation amplement méritée pour l’acteur et le réalisateur tant l’histoire qu’ils ont raconté est forte, drôle, poignante et émouvante à la fois. Chocolat revient sur le destin tout aussi magique comme tragique de Rafael Padilla, connu pour être le premier artiste noir dans la France de la Belle Epoque. Repéré par Footix, un clown sur le déclin, ils forment à la fin des années 1890 un duo comique qui devient très vite apprécié et populaire. Repéré par un directeur de cirque parisien, les deux compères tentent leur chance dans la capitale et voit leur carrière exploser. Chocolat et Footix deviennent la coqueluche de Tout-Paris et le premier devient l’ambassadeur de plusieurs publicités. Mais dans cette France de la fin du XIX° siècle, pas facile quand on est un homme de couleur d’être reconnu pour ce qu’on est réellement. Rafael alias Chocolat va en faire la très amère expérience sans compter que durant ce temps, les relations avec Footix se dégradent.
Je n’ai pas hésité à parcourir toute l’Ile de France pour découvrir avant tout le monde ce film dont tout le monde parle tant (et pas uniquement en raison de la présence d’Omar Sy dans le rôle-titre, sans oublier qu’il est quasiment chez lui à Saint-Quentin en Yvelines) et si c’était à refaire, je le referais volontiers. Chocolat raconte avec force et justesse l’histoire extraordinaire de ce clown qui voulait être pris au sérieux. Car si Rafael Padilla savait faire rire et a révolutionné l’art clownesque avec son compère et ami Footix, l’homme était miné par ses contradictions, son envie de prouver à tous qu’il pouvait être autre chose que le clown (noir) de service et ses démons.
En effet, si Chocolat a connu la gloire, il a également connu ses affres. Grand séducteur, grande célébrité, il était très porté sur le jeu et la bouteille, ce qui aura des conséquences non négligeables sur sa carrière et ses relations avec son comparse. Dans une France de la fin XIX°/début du XX° siècle où la place du noir n’existe pratiquement pas dans la société, Rafael veut malgré tout montrer autre chose que ce qu’on voit en lui, à savoir le clown qui fait rire et qui se fait maltraiter par son comparse blanc, quitte à s’abîmer progressivement.
Chocolat n’est pas un film militant dans le sens premier du terme, et Roschdy Zem n’est pas tombé dans le piège du film qui voulait faire passer un message politique, quitte à ne pas en sortir. Il met également en lumière Rafael Padilla avec ses joies, ses affres et ses contradictions. Un artiste en avance avec son temps à la différence que ses contemporains n’étaient pas (encore) prêts.
Plus d’un siècle plus tard, à nous de réparer cet injustice en découvrant l’histoire de cet artiste qui n’aurait jamais du tomber dans l’oubli. Omar Sy, grâce à sa présence et sa prestance donne le plus bel hommage à Rafael Padilla, ce clown qui voulait être considéré comme un artiste à part entière aux yeux de tous. Outre Omar Sy, n’oublions pas non plus James Thiérée, tout aussi émouvant et impressionnant dans le rôle de Footix mais également toute une flopée de seconds rôles (notamment Noémie Lvosky, Frédéric Pierrot, Alice de Lencquesaing, Clotilde Hesme. Olivier Gourmet…) nous livrant ainsi un très bon casting pour une histoire à découvrir au possible.
Chocolat
Un film de : Roschdy Zem
Pays : France
Avec : Omar Sy, James Thierrée, Noémie Lvosky, Frédéric Pierrot, Alice de Lencquesaing, Clotilde Hesme. Olivier Gourmet, Bruno Podalydès, Denis Podalydès…
Genre : comédie dramatique
Durée : 1h59
Sortie : le 3 février
Note : 18/20
Au ciné ce soir 