J’ai toujours rêvé d’être journaliste. Un rêve qui s’est d’une certaine manière réalisé puisque je suis blogueur.
Plaisanterie faite, c’est avec un intérêt non dissimulé que j’ai découvert Spotlight. Un film qui fait parler de lui pour le sujet qu’il traite mais aussi pour une potentielle récompense aux Oscars, fin février puisqu’il est nominé dans pas moins de six catégories, faisant de lui l’un des favoris à la collection de statuettes.
Spotlight, c’est l’histoire de cette cellule d’investigation du Boston Globe qui en 2002, a levé le voile sur près d’un centaine de cas de pédophilie au sein de l’Eglise catholique, rien que l’archevêché de la capitale de la Nouvelle-Angleterre. Cette cellule, menée par Walter Robinson, enquêtera minutieusement durant douze mois en se basant sur les témoignages des victimes mais également sur des plaintes déposées des années auparavant, découvrant notamment les relations troubles entre l’Eglise catholique et les cabinets d’avocat, la première n’hésitant pas à passer des accords financiers avec les seconds pour mieux faire pression sur les victimes et étouffer tout potentiel scandale.
Comme je viens de l’écrire, Spotlight revient sur une affaire qui fut une véritable onde de choc pour Boston et même au-delà dans la mesure où elle a forcé les plus hautes autorités religieuses (c’est à dire le Vatican) à faire le ménage dans ses rangs et à être contrainte d’ouvrir les yeux sur un mal qu’elle a contribué à étouffer : la pédophilie. Rien qu’à Boston, une centaine de prêtres ont abusé de centaines voire de milliers d’enfants durant de nombreuses années, ce qui ne peut qu’effarer notre équipe de journaliste sur leurs mois d’enquête.
On pourrait se dire que le film est forcément à charge d’autant plus qu’il insiste sur le rôle tout aussi peu glorieux des cabinets d’avocats qui ont profité du scandale potentiel pour conclure nombre de transactions avec l’Eglise de Boston, une manière d’acheter le silence des victimes, tout en s’enrichissant grassement. Mais, considérer ce fait serait un peu paresseux intellectuellement parlant.
Si les journalistes du Boston Globe s’investissent dans une affaire qui n’en finit de révéler ses plus sordides aspects, elle marque également et profondément les membres de la cellule Spotlight, de Sacha Pfeiffer, catholique qui s’interroge sur sa foi en passant par Matty Caroll qui souhaite protéger ses enfants lorsqu’il découvre que des prêtres impliqués dans le scandale vivent non loin de chez lui, sans oublier le rédacteur en chef qui avait manqué une première occasion de révéler l’affaire en décidant, tout bonnement il y a une dizaine d’années d’évoquer un premier cas de pédophilie dans les pages intérieures du journal, minimisant la gravité de l’affaire. Peu étonnant, dans la mesure où on avait des soupçons, personne n’osait véritablement porter le scandale, laissant le plus souvent les victimes livrées à eux-mêmes et le clergé catholique particulièrement puissant et sans être inquiété.
Malgré une durée relativement longue, Spotlight n’en reste pas moins percutant et fort. Il mérite tout simplement sa place aux Oscars notamment grâce à ses acteurs. Outre les très bons Mark Ruffalo et Rachel McAdams, Michael Keaton détonne également, signe qu’il est bel et bien de retour. Un retour récompensé par un prix cette année ?
Spotlight
Un film de : Tom McCarthy
Pays : Etats-Unis
Avec : Michael Keaton, Mark Ruffalo, Rachel McAdams, Liev Schreiber, John Slattery, Stanley Tucci…
Genre : drame
Durée : 2h08
Sortie : le 27 janvier
Note : 17/20