La polémique enfle. Après Skpye Lee, c’est Will Smith qui a confirmé son boycott des Oscars prévus le 28 février à Los Angeles. Le célébrissime acteur dénonce, à son tour, l’absence d’acteurs noirs parmi les nominés du cru 2016, un mouvement soutenu notamment par George Clooney qui s’inquiète du manque de diversité dans les instances du cinéma US.
Cette position n’est cependant pas approuvée par l’ensemble des artistes que cela soit aux Etats-Unis ou en dehors. Si en France, par exemple, Roschdy Zem et Omar Sy, en tournée pour la présentation de Chocolat, soutiennent le mouvement de protestation le considérant comme légitime, d’autres comme Charlotte Rampling, nominée aux Oscars cette année pour son rôle dans 45 ans, y voient là un « racisme anti-blanc », estimant tout bonnement que s’il n’y avait aucun noir présent dans le palmarès 2016, c’est qu’ils étaient tout simplement pas suffisamment bons.
Si on peut arguer le fait que les acteurs noirs n’étaient pas suffisamment bons pour faire partie du palmarès (quoique…), évoquer le racisme anti-blanc pour dénoncer le mouvement de protestation en cours me paraît non seulement hasardeux mais au bout du compte assez insultant, notamment de la part d’une actrice renommée comme Charlotte Rampling. De la part de la britannique, c’est assez étonnant surtout quand on sait que les revendications et l’attitude des frondeurs s’appuient sur des arguments solides.
Car évoquer un racisme anti-blanc, c’est considérer au fond que les acteurs noirs utilisent la carte de la victimisation et la jouent à fond pour revendiquer des droits et une place qu’ils ne mériteraient forcément pas. Sentiment également que j’ai notamment découvert à mon grand étonnement et à mon grand déplaisir sur les réseaux sociaux où parfois même la parole xénophobe et raciste se libère subitement et sans aucune retenue comme le montre ce dialogue. Ames sensibles s’abstenir !
Comme je viens de l’écrire, ce mouvement s’appuie sur des bases légitimes et n’est pas issu de l’humeur d’un producteur tel Skype Lee dont on peut parfois dénoncer l’activisme parfois forcené comme en 2013 où il y voyait en 12 years a slave, un film raciste. Il faut rappeler que le contexte actuel aux Etats-Unis avec une résurgence des tensions raciales – caractérisées notamment par les multiples bavures policières dont subissent plusieurs noirs depuis des mois – n’aide pas à apaiser les tensions et que le moindre événement peut être interprété, à tort ou à raison.
Toujours est-il que face à l’ampleur de la polémique, Hollywood commence à réagir ne serait-ce que timidement. L’Académie des Oscars a notamment annoncé le doublement du nombre de femmes et de personnes issues des minorités d’ici 2020, afin de couper court à la polémique. Peut-être pas suffisant mais assez pour prendre conscience du problème à venir.

Car en utilisant la carte du boycott, les acteurs noirs et surtout les plus influents savent qu’ils peuvent créer au tort aux studios hollywoodiens, en raison de leur statut de personnes rentables (ou bankable si vous préférez) et qu’ils peuvent tout bonnement créer leurs propres productions destinés à leur propre communauté. Un peu tiré par les cheveux ce raisonnement mais c’est pratiquement mot pour mot les propos de Jada Pinkett Smith (la femme de Will) et quand on sait que les noirs représentent 13% de la population américaine, c’est une donnée et surtout une menace qu’on aurait tort de prendre à la légère.
La polémique n’est pas prête de s’éteindre.