El club : les anges démoniaques

El_ClubEn ce week-end pluvieux, je vous propose un film assez prenant et dingue par certains côtés, mais tout aussi intéressant.

En 2013, je découvrais Pablo Larrain et son film No qui retraça la chute de la dictature d’Augusto Pinochet à travers la campagne d’un jeune publicitaire lors du référendum de 1989. Deux ans plus tard, le réalisateur reste dans sa terre natale mais quitte cette fois-ci le Santiago de la fin des années 1980 pour la côte pacifique contemporaine.

On y trouve un groupe de prêtres et une religieuse qui habitent dans une maison reculée dans une petite ville côtière. Ce groupe vit au banc de l’Eglise en raison de leur homosexualité ou bien des accusations de pédophilie. L’un d’entre eux se suicide brutalement après la visite d’un habitant du village qui déclare avoir été abusé gamin par un curé. L’arrivée d’un autre prêtre, chargé de fermer ce centre de pénitence, va changer la donne et bouleverser la tranquillité de cette demeure.

Un film résolument incorrect et qui s’assume tel quel. Pour connaître un peu le Chili, je dois dire que Pablo Larrain n’y est pas allé de main morte pour aborder un sujet aussi lourd que la pédophilie et l’omerta qui règne au sein de l’Eglise, dans un pays réputé pour sa grande foi chrétienne. Attention, il ne s’agit d’une critique acerbe de ma part, bien au contraire, tant le film a le mérite de mettre les pieds dans le plat. Le discours se veut sans ambiguïté, ne serait-ce que pour mettre mal à l’aise le spectateur. Face à la souffrance de Sandokan, le marginal du village abusé durant son enfance, le silence et surtout le manque d’empathie de ces hommes et femmes d’Eglise est frappant et glacial.

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Bien au contraire, les occupants de cette maison, pourtant censés être droit et irréprochable, incarnent le pire de la nature humaine. La perversité, la vanité, la manipulation, la vénalité… ces hommes et femmes de Dieu agissent de manière diabolique, ce qui d’une certaine manière les rend humains, dans la mesure où leurs comportements nous rappellent que ce sont des hommes et femmes ordinaires qui agissent comme n’importe quel fidèle et qui commettent des péchés alors qu’ils sont censés incarner une autorité religieuse et morale.

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El club dépeint le pire et (un peu) le meilleur de ces hommes et de cette femme qui ont en raison de leurs dérives se retrouvent dans la marginalité, pour éviter qu’on s’y attaque une bonne foi pour toutes. Tout comme Sandokan, qui bien que victime est tout aussi marginalisé dans son village. Le jeune homme et les hommes de Dieu incriminés ont cette marginalité en commun qui font qu’en réalité, on préfère laisser la poussière sous le tapis et éviter de traiter les sujets tabous, au risque de laisser empirer les choses. Un film fort qui nous rappelle que l’homme est à la fois un ange et un démon. Surtout un démon.

El Club

Un film de : Pablo Larrain

Pays : Chili

Avec : Alfredo Castro, Roberto Farias, Antonia Zegers, Jaime Vadell, Alejandro Goic…

Genre : aventure

Durée : 1h37

Sortie : le 18 novembre

Note : 16/20

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