Trois minutes. Trois minutes de standing ovation et toute la salle 33 de l’UGC Ciné Cité Bercy debout pour saluer Kheiron et son œuvre.
Il faut dire que son film fait actuellement le buzz et qu’il me tardait de le découvrir enfin, tant les retours semblaient être bons. Et je dois dire que je n’ai pas été déçu, bien au contraire !
L’humoriste, connu pour son rôle dans Bref et sa réplique culte « B****-** ! » réalise son premier long-métrage et traite d’une histoire pour le moins ambitieuse et lourde en symboles, celle de ses parents. L’histoire d’Hibat, son père et de Fereshteh, sa mère qui se connurent en Iran au tout début des années 1980, au moment où le pays plonge en pleine Révolution islamique, après tout juste s’être débarrassé du Shah d’Iran. Fuyant le nouveau régime et son oppression, ils débarquent en France avec leur petit garçon et commencent une nouvelle vie dans un quartier populaire de Pierrefitte, en Seine-Saint-Denis.
« Ce film n’est pas inspiré d’une histoire vraie, c’est une histoire vraie ! » C’est tout en fierté que Kheiron nous présente son film dans lequel il incarne Hibat, son père, un homme foncièrement optimiste malgré la vie qui ne l’a pas toujours épargnée, entre les répressions du régime, la prison, les compagnons de route et de lutte qui disparaissent, l’exil et l’intégration en France, tout en connaissant des moments plus joyeux, en compagnie de son épouse notamment. Kheiron restitue avec justesse les épisodes marquants de la vie de ses parents en ajoutant ce qu’il faut de gravité, d’émotion mais également de légèreté. Hibat et Fereshteh se sont connus dans un pays qui s’est radicalement transformé et en dépit de l’oppression de la révolution islamique, ils n’ont jamais perdu leurs idéaux, leurs valeurs et leur optimisme. Des traits de caractère qu’ils conservent lorsqu’ils débarquent à Pierrefitte au milieu des années 1980 et ils doivent tout reprendre à zéro. C’est pourtant grâce ou à cause (c’est selon) de cet exil que les parents de Kheiron conservent leurs idéaux pour mieux les transmettre aux habitants qu’ils côtoient dans ce quartier de Pierrefitte.
Car le film montre un extraordinaire exemple de vivre-ensemble où il est possible de créer du lien social entre personnes issues de différentes cultures et de différentes traditions. Certains se montreront sceptiques mais Kheiron n’est pas tombé dans le piège du « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » en banlieue. Sa banlieue, il l’a décrit justement tel qu’il l’a toujours vécue et tel que l’on vécu ses parents : avec ses galères, ses difficultés, des jeunes qui décrochent, l’impuissance des élus locaux mais également la détermination de ces derniers, la solidarité, le métissage culturel, la chaleur humaine… bref, un portrait réaliste qui rend hommage au « 9-3 » !
Nous trois ou rien ne raconte pas (seulement) l’histoire des parents de Kheiron, elle sert également de toile de fond pour exposer une certaine idée du vivre-ensemble et de cette valeur universelle qu’est la famille et de ce qu’elle implique, à savoir la solidarité. L’humoriste a pris le parti d’en rire, du moins d’apporter un regard positif tout en négligeant pas les moments difficiles que ses parents ont du traverser aussi bien en Iran qu’en France. Ce qui rend ce film humain et fort.
Nous trois ou rien
Un film de : Kheiron
Pays : France
Avec : Kheiron, Leïla Bekhti, Gérard Darmon, Zabou Breitman, Alexandre Astier, Michel Vuillermoz, Kyan Khojandi, Camélia Jordana…
Genre : comédie
Durée : 1h43
Sortie : le 4 novembre
Note : 16/20