En mai, fais ce qu’il te plait : l’exode, un épisode peu connu de notre Histoire

On dit souvent que l’Histoire se répète ou au mieux balbutie. Si cela n’est pas toujours le cas, ce qui est sur en revanche, c’est qu’elle se rappelle à nous. Surtout qu’elle évoque quelques épisodes méconnus de tous.

En mai 1940, face à l’avancée allemande, de nombreux Français quittent leurs villages, direction le sud du pays. Comme des millions, ils laissent tout derrière eux et vont sur les routes pour se protéger et fuir les combats. Promis eux, tout un village du Pas-de-Calais emmené par leur maire qui doit trouver refuge à Dieppe. Un petit garçon de huit ans fait partie du cortège. Allemand, son père, opposant au régime nazi, a été fait prisonnier un an plus tôt. Ce dernier, libéré, part alors à la recherche de son fils dans l’espoir de gagner le Royaume-Uni, aidé par un soldat écossais.

En mai, fais ce qu’il te plait raconte tout d’abord cet épisode finalement méconnu de notre Histoire de France, celui de l’exode de plus de huit millions de nos compatriotes qui ont fui l’invasion allemande quelques jours à peine après la percée de Sedan qui vit l’armée française plier face aux incursions de la Wehrmacht. Un épisode bien méconnu car même si on l’évoque dans les cours et livres d’Histoire, personne n’imagine l’impact et la dureté qu’ont du subir nombre de Français en ce mois de printemps 1940. Partir, tout quitter, même si au départ on pense que c’est provisoire et qu’on n’arrive à croire que la guerre est déjà finie. Le personnage du maire, incarné par un très bon Olivier Gourmet, indique bien l’attitude et l’état d’esprit de certains en ces jours de mai, d’abord confiants pour finalement progressivement douter. Républicain et patriote dans l’âme, le maire de la commune doute face à la réalité et à la dureté de l’exode, une sorte d’apocalypse face auquel on ne sort pas vraiment indemne.

C’est dans ce contexte et cet enfer qu’un père part à la recherche de son fils, ce qui constitue l’autre trame de l’Histoire. Cet opposant au régime nazi qui doit se méfier de tout le monde en raison de sa nationalité. Mais dans le même temps, le fait qu’il soit allemand est une protection pour lui et il saura l’utiliser à profit notamment dans des moments-clé de l’Histoire notamment lors de sa rencontre avec l’officier écossais.

Christian Carion, dont la mère avait du subir l’exode de mai 1940, nous livre un film certes lourd mais non dénué d’intensité et même d’une certaine légèreté, afin sans doute de dédramatiser l’atmosphère. C’est sans doute pour cette raison que Laurent Gerra fait partie de la distribution. Même s’il n’est nul question d’imitation, il incarne un paysan plutôt porté sur la bouteille et qui refuse de quitter son village et dont on se demande si sa présence était vraiment utile à l’intrigue cependant ! En tout cas, en comparaison avec Alice Isaaz, touchante et remarquable dans le rôle l’institutrice et secrétaire du conseil municipal qui lors de ces évènements devra faire preuve de courage face à la dureté de l’exode, notamment en se comportant comme une véritable mère pour le jeune garçon allemand.

Un épisode de notre Histoire qui fait cruellement écho à l’actualité immédiate, même si des nuances sont à apporter bien sur.

En mai, fais ce qu’il te plait

Un film de : Christian Carion

Pays : France

Avec : August Dhiel, Olivier Gourmet, Mathilde Seigner, Alice Isaaz, Matthew Rhys…

Genre : comédie

Durée : 1h53

Sortie : le 4 novembre

Note : 13/20