L’amour. Une terrible sensation qui vous met dans tous vos états. Qui vous rend euphorique comme dépressif. Qui ne vous laisse pas indemne, dans tous les cas. Surtout quand vous en souffrez et que c’est l’autre qui est à l’origine de cette souffrance
C’est cette radioscopie que nous propose Maïwenn dans son nouveau film, très attendu. Pour ma part, il a fallu que j’attende le jour de sa sortie pour enfin le voir, toutes ses avant-premières ayant été prises d’assaut. Une attente qui n’aura pas été vaine et qui en valait la peine tant Mon Roi dégage en intensité et en émotion.
Mon Roi raconte une histoire d’amour, celle de Marie-Antoinette (dite Tony) et de Georgio. Lors d’un séjour à la montagne, Tony se blesse gravement après une chute à ski. En rééducation sur la côte landaise, elle se souvient de sa relation avec l’homme de sa vie, entre moments magiques, et affrontements destructeurs. Via de multiples flashbacks, elle s’interroge : comment reconstruire sa vie et aller de l’avant ?
Mon Roi, c’est une étude sur le couple, une étude où le spectateur est aux premières loges. La bande-annonce nous donne d’ailleurs la couleur : aucune réplique, une succession d’images et de plans où on retrace les temps forts de la vie commune de Tony et de Georgio entre moments de bonheur et drame, entre fusion et incompréhension, pour finir sur cette question qui tue posée par le médecin de Tony au centre de rééducation : « Qu’est-ce qui s’est passé ? »
Et on est impatient de comprendre ce qui a conduit ce couple à s’abimer, un couple qui s’aime passionnément cependant. Un couple à la fois fusionnel mais également très différent entre Tony l’avocate plutôt discrète et Georgio, l’entrepreneur flambeur qui vit à l’excès et qui a besoin que tout tourne autour de lui, tel… un monarque.
Ce qui nous donne une indication sur le titre du film qui aurait pu s’appeler « Mon mec » ou « Mon homme ». Maïwenn nous propose une histoire de ce couple à travers les yeux et le point de vue de Tony. Choix délibéré mais qui ne tombe pas dans le piège du « tout blanc, tout noir ». Bien au contraire, elle donne une vision équilibrée de son homme, Georgio, avec ses forces, ses écueils, un homme qu’elle admire autant qu’elle hait, un homme qui la fait vibrer autant qu’il la fait souffrir. Un homme qu’elle décrit tantôt tel un Dieu, tantôt tel le Diable en personne. Durant deux heures, on est en plein micmac et on se demande si Tony ne s’accommode finalement pas d’être les victimes consentantes. Oui, Tony est un salaud (et Vincent Cassel répond toujours présent pour incarner ce genre de personnage) mais oui, Tony est génial, elle est attirée par lui, cela ne s’explique pas. Et d’ailleurs, il se définit lui-même comme le roi des connards, ce qui ne semble pas faire fuir Tony, bien au contraire !
Mon Roi, c’est une relation d’attraction-répulsion entre Georgio et Tony qui nous fait comprendre que le couple, c’est décidément une affaire pas si simple à mener. Le couple parfait n’existe pas et il connaît ses périodes de doutes, de turbulences, de tensions mais aussi de fusion, de passion et de bonheur. Un film qui, grâce à la prestation géniale d’Emmanuelle Bercot, a une tonalité toute particulière. Elle donne une sincérité à son personnage, (bien aidée par Vincent Cassel mais également Louis Garrel et Isild Le Besco, très bons seconds rôles) qui donne toute sa puissance au film. Et qui fait qu’elle mérite amplement son prix d’interprétation du dernier festival de Cannes.
PS : pour les fans de Norman Thavaud (vous savez celui qui fait des vidéos ^^’), vous aurez le plaisir de le retrouver dans le film où il tient un petit rôle ! 😉
Mon Roi
Un film de : Maïwenn
Pays : France
Avec : Vincent Cassel, Emmanuelle Bercot, Louis Garrel, Isild Le Besco, Norman Thavaud…
Genre : drame
Durée : 2h04
Sortie : le 21 octobre
Note : 15/20
Au ciné ce soir 