Il était particulièrement attendu ce film ! On nous promettait des sensations très fortes, du sperme, des sexes en érection, de l’amour bestial… bref un vrai film d’amour teinté de pornographie.
Sur ce plan, Gaspard Noé n’a pas menti : Love nous réserve des scènes explicites et réalistes à tel point qu’on ne sait finalement pas ce qui est simulé ou pas. Les séquences sont crues, intenses à la hauteur de l’intrigue et de cette relation fusionnelle et destructrice entre les deux principaux protagonistes. Pour les spectateurs que nous sommes, on ne peut empêché d’être gêné devant tant de scènes sexuellement explicites. Non pas qu’on serait des coincés du derrière mais tout simplement parce que Love a le mérite de rappeler que le sexe, c’est avant tout une relation bestiale, forte et basé sur un rapport de domination. Gênés sans doute car pour bon nombre d’entre nous, la sexualité, ce n’est pas (ou plus) la sexualité de papa (et de maman !) sans pour autant dériver dans la pornographie !
Love n’est pas un film porno dans le sens classique et premier du terme. Il raconte l’histoire d’une femme – Electra – et d’un homme – Murphy – qui se sont aimés plus que de raison et souvent avec excès. Un Murphy qui se réveille un 1er janvier avec sa femme et son fils et qui reçoit un coup de fil mystérieux, celui de la mère d’Electra qui s’inquiète de la disparition de sa fille qu’elle n’a pas vu depuis plus de trois mois. Le moment pour Murphy de se souvenir de cette relation si particulière avec Electra, faite de moments intenses mais également destructeurs.
Car Love est un film provocateur. Provocateur envers les bien-pensants et ceux qui voudraient nous imposer une vision saine et lisse de l’amour, des sentiments et du sexe, provocateur aussi envers une certaine idée de l’amour. Non, l’amour n’est pas forcément rose et peut être la source de toutes les extases comme de toutes les frustrations et les dérapages. Durant les deux heures et quinze minutes que dure Love, le spectateur regarde ce couple qui s’aime profondément passer progressivement d’un état euphorique à une formidable descente aux enfers, ce qui n’est pas sans incidence sur leurs pratiques sexuelles de plus en plus transgressives. L’amour peut-il tenir face à la tentation, la jalousie ou bien encore le respect et l’estime qu’on a pour sa partenaire. Ou bien, au contraire, est-ce une meilleure excuse pour passer outre et casser les codes de la bienséance ?
Et surtout, jusqu’où on peut aller et pardonner par amour ? C’est en réalité la question que pose Gaspard Noé qui a le mérite de mettre les pieds dans le plat et de nous titiller, non pas les sens mais notre esprit critique. Dans ce contexte, il ne sera pas surprenant que Love aura ses partisans et ses plus féroces adversaires notamment ceux qui chercheront à interdire le film aux moins de 18 ans au nom d’une quelconque subversion. Pour ma part, je ne vois pas Love comme un film porno même si les scènes sexuellement explicites peuvent le laisser penser. Comme pour paraphraser le très regretté Jean Ferrat, Love c’est avant tout l’histoire d’un couple qui s’est aimé jusqu’à perdre la raison !
PS : Ce n’est pas certes pas un film porno mais bon, Gaspard Noé a quand même fait appel à deux acteurs français bien connu du milieu pour faire de la figuration ! 😉
PS 2 : Même si la 3D se justifie pour voir l’intimité du couple d’un peu plus près encore, je m’interroge encore sur sa pertinence !
Love
Un film de : Gaspard Noé
Pays : France
Avec : Karl Glusman, Aomi Muyock, Klara Kristin…
Genre : drame
Durée : 2h15
Sortie : le 15 juillet
Note : 14/20