Dans une communauté, un groupe, il existe un leader. Celui qui mène les siens vers le monde extérieur, celui qui garde un lien avec ce même monde extérieur et celui qui les en protège aussi, quitte à fabriquer un univers plus ou moins aseptisé dans lequel tout passe par le regard du leader et uniquement par lui.
Grégori est justement ce leader joué par un Vincent Cassel plutôt inquiétant. Il est à la tête d’une communauté composée de mères avec leurs enfants. Parmi eux, Alexandre, 11 ans qui n’a vu le monde qu’à travers les yeux de son mentor. Petit à petit une succession d’évènements vont l’inciter à penser par lui-même et s’affranchir de sa tutelle.
Le spectateur embarque dans une certaine violence. Elle n’est pas physique ni même verbale mais assez perverse. Grégori agit comme un homme tout-puissant régnant sans partage sur un groupe de mères dont on comprend qu’il n’est pas bon de s’affranchir de lui. Face au monde extérieur, Grégori se paraître auprès des « ses » enfants comme le protecteur, quitte à faire preuve à la fois de séduction et de manipulation. Grégori est un leader pervers car il sait séduire tout en retirant aux enfants de sa tribu, leur part d’innocence. Ils vivent en effet en autarcie et sont en constante compétition quand ils ne sont pas entraînés pour tuer de sang-froid. Le tout sous le regard d’un Grégori qui jouit de sa domination, tel un gourou.
Et comme toute secte, une personne émerge et commence à s’interroger sur le bien-fondé de ce qu’il voit et vit. Du haut de ses onze ans, Alexandre se pose des questions et se demande si Grégori agit vraiment avec bienveillance sur sa tribu. Le jeune garçon prend alors de l’assurance et reste impressionnant par son calme par rapport à Grégori, paternaliste et brutal.
Un face à face inévitable a lieu entre Grégori, le gourou craint, séducteur et dominateur et Alexandre, le jeune garçon qui se met à résister. Un face à face qui marque aussi le passage de l’enfance à celui de l’adolescence, comme si Alexandre allait avoir l’occasion de se découvrir et se faire sa propre opinion sur le monde qu’il entoure et ce qui est bien et mal. Jusqu’au peut-on aller quand on est père pour appuyer sa domination et à partir de quand, cela se retourne contre vous ? C’est un peu la question que pose ce film australien en filigrane dans une atmosphère assez troublante et même pesante. Le rythme est un peu lent et la conclusion du film pourrait laisser certains à leur fin, mais finalement assez logique, laissant de fait le libre choix au spectateur de se faire sa propre opinion.
Partisan
Un film de : Ariel Kleiman
Pays : Australie
Avec : Vincent Cassel, Jeremy Chabriel, Florence Mezzara…
Genre : drame
Durée : 1h38
Sortie : le 6 mai
Note : 12/20