Russel Crowe derrière la caméra. Quand j’ai entendu parler de son premier film en tant que réalisateur, je me suis dit que cela valait la peine de voir à quoi pouvait bien ressembler son œuvre et voir s’il était tout aussi convaincant que devant les objectifs. Il faut dire que l’acteur s’est souvent distingué pour ses superbes rôles (comme Gladiator en 2001) comme dans deux trois navets.
Mais avec La promesse d’une vie, l’acteur-réalisateur australien a pris un risque personnel comme professionnel, résultat d’un projet qu’il mène depuis quatre ans. Le film revient sur un épisode très méconnu des Européens que nous sommes mais très marquant dans l’histoire de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande : celle de la bataille de Gallipoli dans les détroit des Dardanelles qui a vu s’affronter les armées australiennes et celles de l’Empire ottoman en 1915 durant la Première guerre mondiale.
La bataille, proprement dite, est en réalité évoquée en second plan et sert de toile de fond pour une intrigue bien différente et tout aussi grave. Joshua Connor, une sourcier de l’Etat du Queensland, décide de quitter son Australie natale suite au suicide de sa femme et d’une promesse qu’il s’est faite : retrouver ses trois fils partis à la guerre et probablement morts durant la bataille de Gallipoli. Le sourcier embarque alors pour une aventure de plusieurs mois à travers ce qui reste d’un Empire ottoman en pleine ébullition et révolution des Jeunes Turcs.
Comme je l’avais indiqué précédemment, le film revient sur un fait fondateur de l’Histoire de l’Australie. A l’instar de la bataille de Vimy qui a forgé l’identité canadienne, celle de Gallipoli a fondé celle de l’Australie. A travers l’histoire d’un père qui recherche activement ses trois fils, Russel Crowe rend un hommage particulier à ces soldats qui se sont engagés dans un conflit et dont souvent ils ignoraient tout de sa dureté. Comme l’expliquait si bien le réalisateur lors de l’avant-première parisienne, ces garçons étaient très jeunes, certains ayant à peine 16 ans ! Au nombre de morts qu’on a déploré lors de cette bataille, Gallipoli a durablement marqué les Australiens, comme Verdun marque notre imaginaire collectif !
Le film se veut donc un hommage mais porte également un regard intéressant sur l’Empire ottoman. A travers les yeux du protagoniste, on assiste au démantèlement d’une grande puissance et d’un pays sous occupation britannique dans lequel le mouvement des Jeunes Turcs prend de l’ampleur et la femme s’émancipe de plus en plus, à travers le personnage de Ayshe, jouée par Olga Kurylenko. A ce propos, Russel Crowe a plutôt l’intelligence de ne pas adopter une vision manichéenne de la Turquie en considérant par exemple les Turcs comme les méchants et les Australiens comme les gentils. Bien au contraire et comme il a lui-même rappelé, il ne faut pas oublier que c’est bien l’Australie au sein de l’Empire britannique qui est allé faire la guerre en Turquie et que l’armée ottomane n’a fait que défendre son territoire en retour. Ce qui explique d’ailleurs pourquoi le héros n’est pas forcément le bienvenu lors de son arrivée à Constantinople (l’actuelle Istanbul), ce dernier devant faire face à l’hostilité des généraux turcs mais également britanniques, bien soucieux de normaliser de bonnes relations avec les ennemis d’hier plutôt que de répondre à la requête d’un simple sourcier.
La promesse d’une vie est donc un film agréable à découvrir en cette mi-avril. Il n’est pas non plus exceptionnel mais suffisamment convaincant pour connaître cet épisode bien méconnu de la Première Guerre mondiale et être convaincu par le film de Russel Crowe, un projet qui visiblement l’a porté à cœur.
La promesse d’une vie (The Water Diviner)
Un film de : Russel Crowe
Avec : Russel Crowe, Olga Kurylenko, Jai Courtney, Cem Yilmaz, Yilmaz Erdogan…
Pays : Australie
Genre : drame historique
Durée : 1h51
Sortie : le 15 avril
Note : 13/20