« Dear White people » : quand le « Black pride » s’affirme

DEAR WHITE PEOPLEUn jour, lors d’une énième discussion (plutôt engueulade) avec une « amie » (plutôt un contact Facebook), celle-ci m’avait dit que je ne pourrai jamais comprendre sa condition comme elle ne pourrait jamais comprendre ma « condition » de noir. J’y ai repensé en allant voir Dear white people.

C’est vrai, on y pense assez peu mais être noir dans un monde de blancs, ce n’est pas souvent une sinécure ! C’est du moins la thèse du film de Justin Simien qui retrace la vie de quatre étudiants noirs dans l’université prestigieuse américaine de Winchester. Un monde bourgeois, très policé où derrière le discours sur l’égalité qu’on met en avant et le fait qu’on trouve le président des Etats-Unis génial, se cache une réalité moins reluisante et surtout plus vicieuse, perverse. Une réalité dans laquelle la jeunesse blanche dorée organise des soirées ghettos et jouent les racailles d’un soir… grimée en noir ! Une de ses soirées va d’ailleurs déclencher la polémique.

A propos de polémique, certains avaient qualifié le film de raciste. Sans doute ne l’ont-ils pas vu (c’est souvent le cas) car Dear White people a tout sauf d’un film raciste. Au contraire, il est dans la lignée du long-métrage militant et engagé et qui dénonce. Il dénonce une réalité que j’ignorais jusqu’ici, cette condescendance de certains jeunes blancs à l’égard des étudiants noirs à qui on nie, sous prétexte d’égalité, leur propre identité, comme en témoigne l’épisode de leur résidence étudiante, un des bastions de la communauté afro-américaine du campus menacée de démantèlement par le doyen (blanc) du campus.

DEAR WHITE PEOPLE PHOTO1Cette condescendance cache mal cette réalité où certains, par ignorance, pensent que mimer les noirs en personne du ghetto suffit pour ne pas paraître comme raciste, un combe pour une jeunesse dorée blanche qui est censée avoir de l’éducation et ouverte du monde, bien éloignée de l’Amérique conservatrice (et ouvertement raciste pour le coup) du fin fond du Texas ou du Nebraska. De l’autre côté, nos quatre protagonistes doivent se battre pour conserver leur identité – ils sont noirs et en sont fiers – tout en voulant se faire accepter au sein de l’université et de cette jeunesse dorée blanche, quitte à parfois mimer les blancs justement. Un choix bien cornélien dans l’Amérique d’Obama qui montre une fois encore que s’il y a eu des avancées depuis un demi-siècle, il y a encore des préjugés à faire tomber et notamment dans les têtes.

DEAR WHITE PEOPLE PHOTO2Aussi, plutôt que de jouer dans le pathos et le tragique, Dear White people prend le pari de l’autodérision et de la satire afin de souligner le côté absurde de la situation. Résultat, la greffe prend bien, c’est drôle même si, de temps à autre, il faut rester accroché pour suivre correctement le récit. Un film dont l’intrigue se passe aux Etats-Unis mais qui pourrait se dérouler également en France même si le milieu universitaire est sans doute moins concerné.

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Dear White people

Un film de : Justin Simien

Avec : Tyler James Williams, Dennis Haysbert, Tessa Thompson, Kyle Gallner, Brittany Curran…

Pays : Etats-Unis

Genre : comédie

Durée : 1h48

Sortie : le 25 mars

Note : 14/20

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