« Mommy » : un amour à mère

Affiche-bd-320x436Cinq minutes. C’est le temps qu’a duré la standing-ovation lorsque Xavier Dolan est venu à notre rencontre à la fin de la projection de son film en avant-première à l’UGC Ciné Cité Les Halles, il y a tout juste une semaine. Cinq minutes amplement méritées où toute une salle s’était levée pour applaudir celui qui avait reçu le Prix du jury au Festival de Cannes, en mai dernier. Une récompense justifiée même si, à titre personnel, et après avoir vu sa dernière œuvre, il aurait mérité plus, bien plus.

Mommy raconte l’histoire de Diane, dit Die, et son fils Steeve, un adolescent TDAH, impulsant et violent comme très attachant et drôle. Héritant de sa garde, elle doit vivre au rythme des humeurs et des crises brutales de son enfant, tout en gérant les difficultés et les aléas de la vie. La rencontre de Kyla, une voisine discrète et énigmatique donne cependant, espoir et gaieté au sein de cette famille monoparentale, pouvant envisager des lendemains meilleurs.

Le cinéma québécois est assez rare pour être souligné en France, surtout lorsqu’il a la chance de traverser l’Atlantique. Qui plus est, quand il nous livre un film d’une telle intensité avec un réalisateur tout simplement génial, c’est encore plus rare. Aussi, ce fut tout simplement un régal de découvrir Mommy, un film à l’histoire touchante, poignante et profonde mais qui a l’intelligence de ne pas tomber dans le mélo ou le pathos, sans pour autant tomber non plus dans une sorte de déni à l’happy end prévisible. A ce propos, Dolan ne recherche pas l’happy end ou une histoire à l’issue (forcément) favorable. Durant plus de deux heures, on observe, en premières loges, cette relation entre mère et fils qui passe de la fusion à l’affrontement, et inversement. On les voit, on passe de l’amour à la haine et de la haine à l’amour avec une vraie intensité et d’un extrême à l’autre à vitesse V, à l’image du comportement et des crises souvent impressionnantes de Steeve, remarquablement interprété par Antoine-Olivier Pilon. Un Steeve qui adore sa mère avec une telle force qu’il est d’une certaine manière dépassé par cet amour qui, à force, l’attire dans une spirale destructrice, du moins une pente descendante.

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En face, Die, jouée par Anne Dorval, une véritable mère courage dans tous les sens du terme. Face à l’instabilité de son fils, elle mène littéralement une guerre pour maintenir un semblant de normalité, combat d’autant plus remarquable lorsqu’on est mère célibataire. C’est un combat de tous les instants, qu’elle n’est pas certaine de remporter mais qu’elle mène quand même par amour indéfectible pour son fils.

Un amour à mère (comprenez aussi amer) qui marque ce film durant toute sa durée. A ce propos, Xavier Dolan exploite une nouvelle fois, cette image de la mère, un personnage au statut vraiment particulier dans certains de ses films, je pense notamment à son dernier Tom à la ferme sorti en 2013. Pour Dolan, la mère a quelque chose de sacré, faisant d’elle une personne remarquable.

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Aussi, inutile de vous dire que Mommy est pour moi le meilleur film que j’ai vu, à ce jour en cette année 2014. On alterne entre moments poignants, dérangeants et très drôles du film, le tout accompagné d’une bande son et d’un montage très innovants. A ce propos, ne soyez absolument pas surpris par le format carré de Mommy, comme l’a si bien expliqué Xavier Dolan, ce format a pour but de rapprocher le spectateur au plus près des personnages et de ne se concentrer que sur eux. Effets plaisants et garantis !

Mommy

Un film de : Xavier Dolan

Avec : Anne Dorval, Antoine-Olivier Pilon, Suzanne Clément…

Pays : Canada

Genre : drame

Durée : 2h14

Sortie : le 1er octobre

Note : 19/20

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