Des lendemains qui chantent : quand la gauche voulait changer la vie et qu’on croyait en elle

des-lendemains-qui-chantent-affiche-53abdcc93fd78Quatre personnes, deux frères, un ami commun et une femme, quatre destins dans une France qui s’apprête à entrer dans l’Histoire, en ce 10 mai 1981. Ce soir-là, à Saint-Etienne, Léon, Olivier, Sylvain et Noémie sont quatre militants socialistes qui fêtent la victoire de François Mitterrand à la présidence de la République. Dans l’euphorie, Léon et Noémie se plaisent et entament une très brève relation, point de départ de quatre destins, quatre histoires personnelles qui se croisent et qui évoluent dans les années 1980 et 1990, guidés pour certains, par leur idéal socialiste, et pour d’autres par le cynisme et la folie des années fric. Deux décennies qui seront à l’image de la gauche au pouvoir, entre espoir, volontarisme et audace mais également trahison, renoncements et fatalisme. C’est en filigrane, l’histoire de deux frères Olivier et Léon s’affirmeront pour mieux s’opposer l’un l’autre, les idéaux et les intérêts de chacun étant progressivement mis à l’œuvre face à la gauche au pouvoir.

Des lendemains qui chantent, c’est, à travers l’histoire d’une gauche qui voulait changer la vie avant de tomber dans le réalisme et sombrer dans le cynisme. Une gauche qui d’un enthousiasme certain, se retrouve noyée dans ses contradictions notamment dans le cadre de l’exercice du pouvoir. Face à cette gauche éloignée de ses combats et de sa base, nos quatre personnages principaux doivent faire des choix notamment celui de subir ou bien encore tirer profit de la situation. C’est le cas notamment d’Olivier joué par Gaspard Proust qui de troskyste infiltré au PS devient un publicitaire se contentant de murmurer à l’oreille des hommes politiques avec une sacrée dose de cynisme, sous le regard bienveillant de Jacques Fabart, le conseiller en communication du président de la République qui fait étrangement penser à Jacques Séguéla. Très loin de son frère Léon (interprété par Pio Marmai) qui, bien que fidèle à la gauche et au PS, cherche à tracer sa voie et surtout donner un sens à sa vie, le tout sous le regard de Noémie, la conseillère progressivement désabusée de Mitterrand qui hésite entre Olivier et Léon, et de Sylvain qui se lance aves succès dans le minitel rose et qui symbolise cette époque de l’argent facile et flambeur, bien loin de l’argent qui corrompt et de la lutte contre le capitalisme. Quatre personnages qui se mélangent et qui évoluent, entre espoirs et déceptions et occasions manquées, à l’instar de la gauche au pouvoir.

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Aussi, ceux qui avaient entre vingt et trente ans, ce soir de mai 1981, sauront très nostalgiques d’une époque où la gauche voulait la vie et qui finalement déçoit. A ce propos, beaucoup feront le parallèle avec la situation politique actuelle et se chargeront volontiers de faire des analyses plus ou moins pertinentes. Non, le film parle avec une nostalgie d’une génération qui a cru dans l’idéal socialiste et qui a du grandir, bon gré mal gré, tout en se cherchant.

Dès lors, je me suis demandé si le président de la République ainsi que les cadres du Parti socialiste avaient vu le film de Nicolas Castro. Sans doute qu’ils devraient le faire si tel n’est pas le cas car Des lendemains qui chantent retranscrit assez bien un temps où on pensait que tout était possible et qu’il était possible de changer la vie. Un film qui pointe toute une génération qui y a sincèrement cru et dont les destins individuels ont en décidé autrement.

Des lendemains qui chantent

Un film de : Nicolas Castro

Avec : Pio Marmai, Laetita Casta, Ramzy, Gaspard Proust, André Dussollier…

Pays : France

Genre : Comédie dramatique

Durée : 1h34

Sortie : le 20 août

Note : 14/20

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